Commémorations 2022

 

Centenaire de la naissance de  Gérard  P H I L I P E - 1922 - 1959

 

Sa mort prématurée a contribué à sa légende -
Il est né à Cannes (Alpes-Maritimes) le 4 décembre 1922
et mort à Paris le 25 novembre 1959, âgé d'à peine 37 ans.
Le public a gardé de lui une image juvénile et romantique qui en fait une des icônes du cinéma français.


Superstition - Si son prénom est bien Gérard, son nom de famille
- Philip à l'origine - a été rallongé avec un "e" au tout début de sa carrière d'acteur. Superstitieuse, sa mère était convaincue que ces 13 lettres
(les 6 du prénom et les 7 du nom) lui porteraient bonheur.


Avocat, tu seras, comme papa... Destiné par son père à une carrière de juriste, il s'inscrit d'abord à la faculté de droit à Nice en 1941. Mais la rencontre de nombreux artistes réfugiés sur la Côte d'Azur, alors en zone libre, le décide à devenir comédien.
Son père s'oppose à ce choix mais n'aura pas son mot à dire : ayant adhéré au Parti Populaire - fasciste - pendant l'Occupation, il est condamné à mort par contumace à la Libération et à la confiscation de ses biens pour crimes de collaboration. Il se réfugie en Espagne.


C'est au théâtre qu'il fait ses débuts, dans "Une grande fille toute simple" d'André Roussin.
Il obtient son premier grand succès et la célébrité à 20 ans dans le rôle de l'ange du
"Sodome et Gomorrhe" de Jean Giraudoux.


Un tournant dans sa carrière - Le film "Le Diable au corps" de Claude Autant-Lara en 1947
lui apporte une consécration internationale.


Sag niemals "nie"! Il ne faut jamais dire "Fontaine, je ne boirai pas de ton eau".

En 1948, Jean Vilar lui propose de jouer "Le Cid "de Pierre Corneille pour la seconde édition du Festival d'Avignon, ce à quoi il lui répond : « La tragédie ? La tragédie ? Mais voyons, je ne suis pas fait pour ça ».

Trois ans plus tard, il joue le rôle principal du "Prince de Hombourg" de Heinrich von Kleist dans la Cour d'honneur du Palais des Papes. En 1954, il interprète le Cid à Avignon, rôle refusé 6 ans auparavant :
« Tout me semble possible depuis que Vilar, à ma grande surprise, m'a demandé d'interpréter le Cid.
C'est lui qui a gagné, pas moi », reconnaît-il.


Un acteur engagé - Gérard Philipe et son épouse Anne deviennent "compagnons de route du Parti communiste" français. Il est l'un des premiers à signer l'appel de Stockholm, en 1950, contre l’armement nucléaire en pleine Guerre froide. Il effectue plusieurs tournées dans les pays socialistes, où il jouit d'une grande notoriété.


Pour l'amour de l'art - Il signe un contrat d'engagement au TNP (Théâtre National Populaire) de Jean Vilar. Malgré sa renommée internationale, il est prêt à toucher un cachet modeste pour ne pas mettre en péril le budget de la troupe. En huit ans, il n'a demandé ni augmentation de salaire ni traitement de faveur. D'ailleurs, sur les affiches, son nom figurait à sa place alphabétique.


En 1957, il est élu à la tête du Comité National des Acteurs, nouveau syndicat qu'il soutient financièrement. Il milite notamment en faveur d'un meilleur salaire et d'indemnités de répétitions, face à l'évolution du métier d'acteur, dans un contexte de développement du cinéma et de la télévision.


A la fin des années 1950, il s'intéresse aussi à la télévision - qui à l'époque n'avait qu'une dizaine d'années - et, en particulier, aux diffusions de spectacles de théâtre,
ce qui deviendra plus tard "Au Théâtre ce soir".

Il n'aura malheureusement pas le temps de monter un projet de téléfilm.


Il a à peine 37 ans lorsqu'il succombe à un cancer foudroyant du foie. Son épouse et les médecins lui taisent la vérité, lui laissant croire qu'il s'agit d'une opération réussie contre un abcès.
Sa disparition provoque une profonde émotion en France. Conformément à ses dernières volontés,
il est enterré, revêtu du costume de Don Rodrigue (Le Cid), dans le petit cimetière de Ramatuelle (Var).


Son nom a été donné à de très nombreuses rues, théâtres, Maisons de la Culture
et établissements d'enseignement français (écoles élémentaires et collèges).

Avignon n'a pas oublié "son" Prince : il a été immortalisé en trompe-l'œil dans l'encadrement d'une fenêtre aveugle (Place Daniel Sorano, près du Palais des Papes) ►►

Esther Ofarim lui a dédié une chanson "Un prince en Avignon"


 

bicentenaire
de la naissance
de


Rosa
Bonheur

(1822-1899)

 

10 choses


que vous
ignorez
peut-être sur


cette artiste peintre
et sculptrice,


spécialisée
dans la
représentation
animale


Le "génie héréditaire" - Rosa Bonheur est née à Bordeaux le 16 mars 1822,
dans une famille d'artistes : son père, Raymond encourage ses enfants
dans la voie artistique.  Rosalie, dite Rosa, sera peintre et sculptrice.
Juliette et Auguste deviendront peintres. Isidore sera sculpteur.
Un de leurs cousins, Ferdinand Bonheur, sera également peintre.

Francis Galton, cousin de Charles Darwin, a cité les Bonheur
comme exemple de "génie héréditaire".


• L'abécédaire des animaux
- Rosa était, paraît-il, une enfant indisciplinée
et a eu beaucoup de mal à apprendre la lecture. Sa mère lui a enseigné les lettres
de l'alphabet en associant chacune d'entre elles à un dessin d'animal.


• Une courte scolarité - Après l'école élémentaire, Rosa est mise en apprentissage
comme couturière. Son père, qui a découvert son talent artistique,
la prend ensuite dans son atelier. Il sera son seul et unique professeur.


• La "France profonde", source d'inspiration - D'un voyage dans les hauts pâturages des Pyrénées, Rosa Bonheur rapporte de nombreuses études dont elle se servira tout au long
de sa carrière. Elle séjourne aussi à plusieurs reprises en Auvergne et dans le Cantal.


• Un garçon manqué ?
Enfant, elle avait la réputation d'être un "garçon manqué".
Plus tard, ce que Théophile Gautier apprécie particulièrement chez l'artiste, c'est que "avec elle,
il n'y a pas besoin de galanterie ; elle fait de l'art sérieusement, et on peut la traiter en homme.
La peinture n'est pas pour elle une variété de broderie au petit point" !
"C'est vraiment une peinture d'homme, nerveuse, solide, pleine de franchise",
juge quant à lui le critique Henry de la Madelène en 1853.


• Une permission de travestissement - Pour pouvoir porter des pantalons,
notamment pour fréquenter les foires aux bestiaux (où elle trouvait parfois de l'inspiration),
pour voyager ou monter à cheval, elle devait demander une "permission de travestissement"
- renouvelable tous les six mois - auprès de la Préfecture de Paris.
Toutes les personnes du sexe féminin étaient soumises à cette obligation,
conformément à une ordonnance de 1800.


• Un lion comme animal de compagnie -
En 1860, elle s'installe dans une grande demeure en Seine-et-Marne :
elle y fait aménager un vaste atelier et, dans le parc, des espaces pour ses animaux.
Elle possède une véritable ménagerie : un lion (en liberté dans la maison..) et une lionne,
un cerf, un mouton sauvage, une gazelle, des chevaux...


• Décorations - En 1864, l'impératrice Eugénie se rend chez Rosa Bonheur
pour lui remettre les insignes de Chevalier de l'Ordre de la Légion d'honneur,
faisant d'elle la première artiste et la neuvième femme à recevoir cette distinction.
Elle sera également, en 1894, la première Officière de la Légion d'honneur.


Le "modernisme" n'apprécie guère le style "Rosa Bonheur"...
Interrogé sur la peinture de sa consoeur, Paul Cézanne déclare :
"C'est horriblement ressemblant".


• Une véritable stratégie commerciale
qui lui assure une indépendance financière -
Rosa Bohneur est la première artiste dans l'histoire de la peinture
dont le marché de l'art spécule sur les tableaux de son vivant.
Elle possède une clientèle fortunée et fidèle, dont elle peint les animaux de compagnie.
Elle fait reproduire ses oeuvres en estampes, à des prix accessibles au "grand public".
Elle donne interviews et photographies pour forger une légende
autour de son personnage.
Elle part en tournée avec son marchand d'art pour faire la promotion de ses oeuvres.


Décédée en 1899, elle ne connaitra pas le XXe siècle.
Elle repose au cimetière du Père-Lachaise de Paris,
mais elle n'a pas accepté les honneurs militaires pour ses obsèques,
hommage auquel elle aurait eu droit en tant qu'Officière de la Légion d'honneur.
 

 

 

centenaire
de la naissance de

Robert Lapointe
dit


Boby LAPOINTE

né le 16 avril 1922
à Pézenas (Hérault)

décédé en 1972
à Pézenas

 

 

10 choses

que vous ignorez
peut-être sur

cet auteur-
compositeur-
interprète
français


qui était aussi

acteur,
scaphandrier,
vendeur de bonneterie,
prisonnier évadé,
fort en maths,
inventeur
du "bibi-binaire"...

Il avait de nombreuses cordes à son arc !


Il rêvait de devenir pilote - Après le bac, Boby (avec un seul "b") Lapointe -
un "fort en maths" - prépare à Montpellier le concours d'entrée
à deux grandes écoles : Centrale (grande école d'ingénieurs)
et Supaéro (Institut supérieur de l'aéronautique).


Un court détour - involontaire - par Linz - En 1943, à l'âge de vingt ans, il doit abandonner
ses études et est envoyé à Linz (Autriche) au titre du STO (Service du Travail Obligatoire).
Il s'évade la même année et rejoint Pézenas après sept mois d'errance
sous différents noms d'emprunt parmi lesquels - selon une anecdote -
celui de Robert Foulcan ("fout le camp" : haut ab).


Il rêvait d'être pilote mais devient scaphandrier - Sa grande stature et sa force physique
lui permettent de devenir scaphandrier au port de La Ciotat. Ainsi, il peut échapper aux recherches dont il est l'objet de la part des Allemands et de la milice locale !
(Das ist wirklidh "untertauchen"!)


Un style marginal - Ses débuts artistiques sont difficiles : son style (jeux de mots
en tout genre : calembours (Kalauer), contrepèteries (Schüttelreim), paronomases...)
est jugé trop excentrique, trop "intellectuel".


Il n'y a pas de sot métier - "Monté" à Paris, il y ouvre un commerce de bonneterie
(Wirk-und Strickwaren)... qui ne marche pas.
Il tire le diable par la queue : pour boucler ses fins de mois, il devient - entre autres -
fort des Halles (Lastenträger in den Pariser Markthallen), barman, livreur,
installateur d'antennes de télévision...
"Dans la vie, j’ai eu des hauts et des bas ; dans les hauts, j’installais des antennes
et, dans les bas, j’étais scaphandrier." (citation)


• Poisson d'avril - C'est grâce à Bourvil qu'il commence officiellement sa carrière musicale
en 1954 : l'acteur choisit d'interpréter une de ses chansons "Aragon et Castille"
dans le film "Poisson d'avril".


Chanteur de bar - C'est le rôle que François Truffaut lui fait jouer dans le film
"Tirez sur le pianiste", tandis que le rôle du pianiste est joué par Charles Aznavour.
Le metteur en scène juge cependant utile
- vu le rythme auquel se succèdent les calembours -
de faire sous-titrer la séquence du chant. (vidéo)


Twist, rock, "yeah" ! Mais Lapointe, c'est "no" ! - Lorsque commence la période "yéyé"
en France, la musique de Boby Lapointe n'est plus très à la mode.


Le bibi-binaire, ça n'en a pas l'air, mais c'est très sérieux -
Sous ce nom farfelu, il invente, en 1968, un système de représentation
graphique et phonétique des chiffres hexadécimaux,
qui préfigure une voie qui sera suivie par l'informatique.


Retour à Pézenas, la boucle est bouclée... -
Boby Lapointe meurt le 29 juin 1972 à Pézenas, sa ville natale. Il a cinquante ans.
Il a enregistré une cinquantaine de chansons parmi lesquelles : Aragon et Castille,
Ta Katie t'a quitté, Saucisson de cheval, Méli-mélodie, La Maman des poissons…
 

 

 

500 ans
de la naissance de

Joachim du Bellay

(1522-1560)


Né en Anjou, c'est - avec Pierre de Ronsard -
l'un des poètes français les plus importants
du XVIe siècle.

Auteur de la Pléiade.

Son oeuvre la plus célèbre, "Les Regrets",
est un recueil de sonnets,
écrits pendant son séjour à Rome (1553-1557).

Heureux qui, comme Ulysse… •• • Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme celui-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
• Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?
• Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :
• Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur angevine.
••

 

 

 

 

200 ans
de la découverte du secret
des hiéroglypes
par

Jean-François
CHAMPOLLION

Né le 23 décembre 1790 à Figeac (département du Lot),

et mort à Paris le 4 mars 1832
(à seulement 41 ans, épuisé par ses travaux),

Champollion est considéré comme
"le père de l'égyptologie"

 

Très bon élève, il parle le latin à neuf ans et l'hébreu à treize.

Dès le lycée, il se passionne pour l'étude des hiéroglyphes égyptiens.

Professeur d'histoire à Grenoble, il est spécialiste de l'Egypte Antique.


En 1807, il parvient à obtenir une transcription de la pierre de Rosette,
qui porte le nom de la ville où elle a été découverte en 1799,
pendant l'expédition d'Egypte de Napoléon Bonaparte,
et qui est conservée au British Museum de Londres depuis 1801.

Cette stèle porte un décret du pharaon Ptolémée V
(qui a régné de 204 à 181 av. JC), écrit en grec et en égyptien ancien,
et trois écritures : grecque, en égyptien démotique et hiéroglyphique.
 

La première traduction du texte en grec est réalisée en 1803.
Ce n'est qu'en 1822 que Champollion arrive
à déchiffrer les premiers hyéroglyphes
.

Devenu conservateur au musée du Louvre en 1826,
il réussit à convaincre le roi Charles X d'acheter une collection d'objets,
dont le plus célèbre est l'obélisque de Louxor.
Ce monolithe se trouve aujourd'hui sur la place de la Concorde, à Paris.

 

Un musée consacré à Champollion
a été ouvert en 1986 à Figeac, sa ville natale.
Il retrace l'histoire de l'écriture. La façade du bâtiment est recouverte de pictogrammes et d'idéogrammes du monde entier.

 

 

 

200 ans
de la naissance de

Louis Pasteur

 

 

 

 

Né dans le Jura
le 27 décembre 1822.

Mort dans la région parisienne en 1895.


Chimiste et physicien de formation. Pionnier de la microbiologie,
il connaît, de son vivant même, une grande notoriété pour avoir mis au point
un vaccin contre la rage.

Un peintre en herbe •• die Anlagen zu etw. haben, zukünftig •• ...
Adolescent, Pasteur se fait connaître pour ses talents de peintre :
il réalise de nombreux portraits de membres de sa famille.
C'est devenu son "Violon d'Ingres" •• activité à laquelle on aime se consacrer en dehors de sa profession.
L'expression doit son nom au peintre Jean-Auguste Ingres (1780-1867),
contemporain de Champollion.
Virtuose de la peinture, il était également excellent violoniste
et a même été deuxième violon à l'orchestre du Capitole de Toulouse.
••
.

Littéraire ET scientifique... En 1840, il obtient le baccalauréat en lettres, puis,
après un échec, le bac en sciences mathématiques.

Seul le vivant peut engendrer la vie...
En 1861-62, il publie ses travaux réfutant la théorie de la "génération spontanée •• Urzeugung •• "
et démontre l'existence des bactéries.

Même un AVC •• Accident Vasculaire Cérébral : Schlaganfall •• ne saurait •• rien ne saurait… : nichts kann / könnte… •• l'arrêter...
Devenu hémiplégique •• halbseitig gelähmt •• à la suite d'une attaque cérébrale •• Schlaganfall •• ,
il garde des séquelles •• Folgeerscheinung •• : il perd l'usage de sa main gauche
et a des difficultés à se déplacer.

Le charbon •• Milzbrand •• et la rage (de vivre)...
Loin de prendre sa retraite, il reprend ses recherches et met au point
un vaccin contre le charbon des moutons.
C'est la découverte du vaccin antirabique •• gegen Tollwut •• en 1885
qui lui vaudra •• valoir qc à qn : jm etw. einbringen, zu etw. verhelfen •• une renommée internationale.

Antonomase... Mais c'est à une autre découverte
que son nom reste lié : la pasteurisation.

Des obsèques nationales •• Staatsbegräbnis •• ...
Cependant sa famille décline •• ablehnen •• la proposition d'une inhumation •• Beerdigung, Beisetzung •• au Panthéon.
Il repose dans une crypte du musée Pasteur.

Derrière chaque grand homme, se cache une femme...
Le meilleur collaborateur de Pasteur, c'est son épouse Marie Laurent :
elle écrit sous sa dictée, réalise des revues de presse,
veille à son image puis à sa mémoire.
 

 •• • Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme celui-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
• Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?
• Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :
• Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur angevine.

 

 

► Commémorations 2021

► Bicentenaire de Gustave Flaubert (1821-2021)