C H A N D E L E U R – Mariä Lichtmess : 2 février

La Chandeleur, qui se fête le 2 février, signifie « fête des chandelles » (festa candelorum). Comme toutes les traditions de cette période de l’année qui voit les jours allonger, cette fête est liée à la lumière, la purification, la fécondité.

Au cours des Lupercales à Rome, on fêtait le dieu de la Fécondité, Lupercus / Faunus, et le retour de la lumière. Les Romains défilaient aux flambeaux dans les rues, mangeaient des galettes de céréales. Peut-être est-ce l’origine des crêpes que nous dégustons aujourd’hui à la Chandeleur. La crêpe – ronde et dorée – rappelle naturellement le disque solaire.

Dès la fin de l’Empire romain d’Occident, l’Eglise catholique a entrepris de remplacer systématiquement les rites paÏens par des fêtes chrétiennes. Ainsi, au Ve siècle, le pape Gélase 1er a institué la Chandeleur (Fête de la présentation de l’Enfant Jésus au Temple), 40 jours après Noël, pour « concurrencer » la fête païenne.

A la Chandeleur, en Occident, les fidèles défilaient en procession avec des cierges bénits, qu’ils devaient rapporter de l’église jusqu’à leur maison :
« Celui qui le rapporte chez lui allumé, pour sûr ne mourra pas dans l’année », affirme le dicton.

Les cierges étaient censés posséder de nombreuses vertus. On les conservait précieusement dans l’armoire familiale d’où on les sortait en cas de maladie grave ou lors d’un gros orage, car ils avaient – paraît-il – le pouvoir d’éloigner la foudre. On les allumait chaque fois qu’il était nécessaire d’implorer le ciel, d’écarter les mauvais esprits et de protéger la maison, ses habitants, le bétail, les champs, les vignobles

Dans de nombreuses régions françaises, jusqu’au XVIIIe siècle, la Chandeleur était appelée Chandelours, une dénomination rappelant l’un des cultes païens que l’Eglise avait cherché, en vain, à éradiquer.
Cette fête célébrait la fin de l’hibernation de l’ours qui sort de sa tanière : si la température est douce et s’il voit le soleil et son ombre, l’animal retourne vite poursuivre son hibernation, car il sait que le beau temps ne durera pas.

« S’il fait beau à la Chandelours / six semaines se cache l’ours »

L’équivalent de la Chandelours en Amérique du Nord est le célèbre « Jour de la marmotte » (Groundhog Day), fêté – lui aussi – le 2 février. Cette tradition d’outre-Atlantique serait cependant d’origine européenne :

« Diese Regel stammt eigentlich aus Deutschland bzw. aus Europa. Denn schon die alten Römer beobachteten zum Ende des Winters Igel, die aus dem Winterschlaf erwachten.
Auch die Engländer und die Deutschen übernahmen den Brauch.
In Deutschland wird im Laufe der Jahrhunderte aus dem Igel ein Dachs und eine eigene Bauernregel: ‘Sonnt sich der Dachs in der Lichtmesswoche, bleibt er 4 Wochen noch im Loche. » 

Au hérisson des Romains de l’Antiquité a succédé le blaireau en Allemagne ; ce dernier a lui-même été remplacé par la marmotte outre-Atlantique. (lien]

Les dictons français confirment ces prévisions ‘météorologiques’ :
« Beau et clair à la Chandeleur, l’hiver garde sa rigueur. »
« Soleil le deux février, l’hiver sera prolongé. »

Les crêpes de la Chandeleur rappellent les traditions très anciennes liées au culte solaire, comme celle de la pièce d’or (combinaison de la forme ronde et de la couleur dorée) que, selon la coutume, on doit tenir dans la main gauche quand on fait sauter la première crêpe : cela garantit qu’on aura de l’argent toute l’année.

Cette première crêpe était ensuite enroulée autour de la pièce d’or, puis portée en procession par toute la famille jusqu’à la chambre où on la déposait sur le haut de l’armoire. Les restes de la crêpe de l’année précédente étaient alors récupérés, et la pièce qu’elle contenait était donnée au premier pauvre qui passait.

Le rapport entre la crêpe et l’ours, c’est peut-être le miel – dont les ursidés sont paraît-il très friands, et dont vous pouvez napper vos crêpes (à moins que vous ne préfériez le Nutella, comme – paraît-il – la majorité des Français…)
« Des goûts et des couleurs on ne discute pas ! »

Quoi qu’il en soit, bonne Chandeleur et bon appétit !

LA crêpe et LE crêpe :
des homophones homographes, mais pas homonymes

– Le nom de la crêpe, spécialité culinaire, dérive bien du crêpe (Krepp), « étoffe généralement de laine ou de soie, plus ou moins légère et transparente, dont la texture grenue est obtenue par une forte torsion des fils. »
– La crêpe est nommée ainsi par allusion à l’aspect « frisé, friselé, ondulé » qu’elle prend lors de la cuisson.
– L’adjectif « crépu » qui se réfère aux cheveux (Kraushaar) est, lui aussi, dérivé du latin « crispus » (frisé, ondulé).