N O Ë L
L’étymologie du mot « Noël » est controversée.
Dans la plupart des autres langues européennes, le mot se réfère directement à la naissance du Christ. Ainsi, on souhaite
– en allemand, « Fröhliche Weihnachten » (joyeuse nuit sacrée),
– en anglais, « Merry Christmas » (joyeuse messe de Christ),
– en espagnol, « Feliz Navidad » (joyeuse nativité),
– en italien, « Buone Feste Natalizie » (bonnes fêtes de nativité),
– en grec, « Kala Christougenna » (joyeuse naissance du Christ) …
Par contre, en français, il existe plusieurs hypothèses au sujet de l’origine du mot « Noël ».
– Selon la plus « classique », le mot viendrait de l’expression latine « dies natalis » (jour de naissance). Au fil du temps, « natalis » aurait évolué phonétiquement en « nael » (attesté en 1120).
Le « o » viendrait de la dissimilation (1) des deux « a » de natalis.
Quant au tréma sur le « e », il a été ajouté en 1718.
– Certains estiment que ce mot serait en réalité une sorte d’acronyme : dans la version latine de l’évangile selon saint Luc (2 : 11), on trouve la phrase « Natus est vobis Emmanuel » (Il est né pour vous Emmanuel). Ce qui a donné N + V + E + L (le « V » et le « U » se confondaient en latin).
– Selon une troisième hypothèse, ce terme serait la combinaison de « noio » (nouveau) + « hel » (soleil), (en grec neo + helios), et se référerait à la fête païenne du solstice d’hiver où on célèbre la victoire du soleil sur les ténèbres, au moment où les jours recommencent à s’allonger. D’ailleurs, à Noël, les chrétiens fêtent la naissance de Jésus, « la lumière du monde » (Jean, 1 : 5, 9)
Rappelons que ce n’est qu’au IVème siècle que la fête de Noël a été instituée : l’empereur Constantin et l’Eglise de Rome ont choisi la date du 25 décembre. C’est un choix arbitraire puisqu’on ne connaissait pas la date exacte de la naissance du Christ, mais un choix dont l’intention ne faisait aucun doute : il s’agissait de concurrencer puis d’éclipser – c’est le cas de le dire ! – la fête solaire païenne.
Il est à noter que, dans les langues scandinaves, le mot « Jul / Jól » désigne à la fois la fête de la Nativité et celle du solstice d’été.
Au Danemark, on se souhaite « Joyeux Noël » en disant « Glædelig Jul ! » ; en Suède et en Norvège, on dit « God Jul ! » ; en Islande, on entend « Gleðileg Jól ». (2)
Quelles que soient son origine étymologique et la signification qu’on lui accorde, Noël est la fête de la lumière, du renouveau, de la re-naissance, la croyance en des jours meilleurs.
1- En linguistique, la dissimilation est la différenciation de deux phonèmes identiques d’un mot.
Par exemple, le latin « peregrinus » a donné « pèlerin », avec la dissimilation des deux « R ».
De même, le latin « lusciniolus » → « lossignol » en ancien français, a donné « rossignol » = dissimilation des deux « L ».
2- Selon la même logique de syncrétisme que pour les Saturnales (17-23 décembre) et le Dies Natalis Solis Invicti (25 décembre) célébrés dans la Rome antique, la fête scandinave de Yule a été associée aux célébrations de Noël dans les pays nordiques depuis la christianisation des peuples germaniques et balto-finnois.
Autre exemple : en Provence, les fêtes de Noël sont nommées Calèndo en référence aux Calendes de janvier célébrées le 1er janvier dans la Rome antique : cette fête païenne s’est peu à peu confondue avec celle de la Nativité du Christ.