E P I P H A N I E  (du grec « apparition, manifestation »)
Dreikönigstag : 6 janvier

Cette fête correspond à la présentation de l’enfant Jésus aux Rois Mages, Gaspard, Melchior et Balthazar.
Jusqu’en 1802 (1), le 6 janvier était un jour férié en France. Aujourd’hui, on fête l’Épiphanie le 2ème dimanche après Noël.

La galette des rois, servie à cette occasion, est une tradition qui remonte au moins au XIVème siècle. Elle était partagée en autant de parts que de convives, plus une, la « part du Bon Dieu » ou « part du pauvre », qui était destinée au premier miséreux qui se présenterait.

Il est de coutume que le plus jeune convive se glisse sous la table pour désigner à qui sont attribuées les parts. C’est ce qu’on appelle « tirer les Rois ».

Celui qui a la part contenant la fève (« Saubohne » – « faba ou fava » en latin) est déclaré roi, il se coiffe de la couronne et choisit sa reine. Puis on trinque (anstoßen) à leur santé.
On a – naturellement – aménagé (abändern) la tradition : aujourd’hui, la femme qui a la fève devient la reine et choisit son roi.
Le roi – ou la reine – devra, en principe, offrir la prochaine galette.

Pourquoi une fève – et pas un petit pois ? La fève joue un rôle important dans les rites antiques en raison de sa forme embryonnaire. C’est un symbole de vie, de renouveau.
Pourquoi une galette ronde ? Sa forme et sa couleur dorée rappellent le disque du soleil. Le culte solaire se retrouve dans de nombreuses traditions au moment du solstice d’hiver.

Chez les Grecs, puis chez les Romains, la fève – blanche ou noire – servait de jeton de vote.
La fève dans la galette des rois remonte au temps des Romains. Lors des Saturnales de Rome (début janvier), on élisait parmi les esclaves le roi du festin au moyen d’une fève.

A la Révolution française, les fêtes religieuses sont supprimées, et le jour des Rois est transformé en 1791 en « Jour des Sans-culottes » (la culotte : Knniebundhose… und nicht Unterhose). Cependant le gâteau des Rois ne tarde pas à faire sa réapparition sous un autre nom. Un décret du 4 nivôse an III du calendrier révolutionnaire (24/12/1794 dans le calendrier grégorien) rebaptise l’Épiphanie « Fête du Bon Voisinage » (2) et recommande de partager la “galette de l’Egalité” : la fève ne représente plus l’Enfant Jésus mais … le bonnet phrygien !

A l’origine et jusque vers 1870, la fève était végétale. Elle est aujourd’hui en porcelaine ou … en plastique et représente un peu n’importe quoi : de l’Enfant Jésus et des santons… aux personnages de Walt Disney…

● Un « favé », en provençal, celui qui trouve la fève, c’est un « chanceux », un « veinard », un « Glückspilz » en quelque sorte. On passe là de la fève au champignon. C’est une autre tradition !

● En Provence, on dit que les « grinchous » (c’est-à-dire les avares) n’hésitaient pas à « avaler la fève avec le gâteau » pour ne pas être obligés d’acheter la prochaine brioche. Cette tricherie est devenue plus risquée lorsque les fèves en porcelaine ont remplacé les fèves végétales.

● La 1ère fève en porcelaine a été fabriquée en Allemagne en 1874 et représentait un nouveau-né.

● La « fabophilie » (ou favophilie) est une activité qui consiste à collectionner les fèves de galettes des Rois.

Il existe en France deux sortes de gâteaux de l’Épiphanie :

Galette des Rois– la galette ronde en pâte feuilletée, le plus souvent fourrée à la frangipane (une crème aux amandes qui doit son nom à Frangipani, saucier florentin) ;

– le gâteau des Rois, ou Royaume (dans le Midi) :  brioché et en forme de couronne, il est fourré aux fruits confits, parfumé à l’eau de fleur d’oranger, et décoré de fruits confits et de pépites de sucre, ou sucre casson.

Ni fève ni couronne à l’Elysée
Depuis la présidence de Valéry Giscard d’Estaing (de 1974 à 1981), on célèbre aussi l’Epiphanie à l’Elysée, avec une galette géante (celle de 2022 mesurait 1,20 m de diamètre). C’est une galette tout court (et pas une galette « des Rois »), qui ne contient pas de fève. La raison ? La France est une république depuis 1792 (avec quelques interruptions…) : élu, le président de la République ne peut pas – même symboliquement – être couronné « roi ».

Outre-Atlantique, la Louisiane possède une version – très colorée – du Gâteau des Rois : le King Cake. Ce sont des émigrants français qui ont amené leurs traditions (« tirer les Rois » et Mardi-Gras) à la Nouvelle-Orléans. D’ailleurs, la fève y a conservé son nom français « fève » ! Confectionné avec une pâte briochée fourrée à la cannelle, le King cake se présente sous la forme d’une couronne décorée d’un glaçage au sucre (et parfois même de paillettes…) aux couleurs traditionnelles du Carnaval : l’or (qui symbolise le pouvoir), le vert (la foi) et le violet (la justice).

La fève est un bébé en plastique – parfois doré… – représentant l’enfant Jésus. Le convive qui trouve la fève dans sa part de gâteau s’écrie : « J’ai le bébé ! », et il est proclamé roi.
Contrairement à la Galette et au Gâteau des Rois français (dont la consommation se cantonne à la fête de l’Epiphanie), le King Cake est consommé de l’Epiphanie jusqu’à Mardi-Gras, pendant toute la durée du Carnaval.

Pour être au courant

1- Le Concordat signé en 1802 entre Napoléon Bonaparte et le pape Pie VII n’a conservé que quatre fêtes chômées (Noël, Ascension, Assomption, Toussaint). Les autres fêtes de précepte – comme l’Epiphanie, la Fête-Dieu ou l’Immaculée Conception – ont été déplacées au « dimanche le plus proche » par un indult du cardinal Caprara, légat du pape Pie VII.

2- On constate une fois de plus que l’Histoire est un perpétuel recommencement: la « Fête des Voisins », lancée en 1999, et qui a lieu chaque année fin mai ou début juin, ne fait que remettre au goût du jour une fête révolutionnaire !