Traditions au fil de l’année…
11 N O V E M B R E : jour férié en France – jour ouvrable en Autriche
Mais, dans les deux pays, c’est la fête de saint Martin, évêque de Tours, évangélisateur (Verkünder des Evangeliums) de la Gaule au IVe siècle. C’est en souvenir de lui qu’il est de tradition (en Autriche, mais pas en France) de manger de l’oie rôtie (Martinigans) le 11 novembre. Est-ce pour punir ces volatiles (Federvieh) d’avoir dénoncé (verraten) Martin qui s’était caché parmi elles pour échapper à sa nomination comme évêque, fonction dont il se trouvait indigne ? En Autriche, on fête également ce jour-là le début du Carnaval (le 11/11 à 11h11). Mais, en cette année 2020, l’heure n’est pas vraiment aux festivités… En France, on commémore (gedenken) l’armistice de la Première Guerre mondiale (1) (que les Autrichiens ont peut-être moins de raisons de célébrer…). Signé le 11 novembre 1918, à 5 h 15 du matin dans le « wagon de l’armistice », dans la clairière (Waldlichtung) de Rethondes (forêt de Compiègne), il a mis fin à la Première Guerre mondiale. En 2020, on a célèbré le 102e anniversaire de l’armistice et le centenaire de l’inhumation du « Soldat inconnu » sous l’Arc de Triomphe, avec – Covid oblige – moins de faste que les années précédentes. D’habitude, à cette occasion, des cérémonies sont organisées dans tout le pays devant les dizaines de milliers de monuments aux morts (Kriegerdenkmal). A Paris, le Président de la République va se recueillir (andächtig verharren) à l’Arc de Triomphe devant la Tombe du Soldat inconnu. Depuis 2012, les commémorations du 11 Novembre sont l’occasion d’honorer tous les morts pour la France, qu’ils soient civils ou militaires, victimes des conflits anciens ou actuels – et pas seulement ceux de la « Grande Guerre » (de 14-18). Ainsi, en 2019, le président de la République a inauguré un monument aux 549 soldats morts en « OPEX » (c’est-à-dire « en opération extérieure », par ex. au Mali) ou en « OPINT » (« opération intérieure ») depuis 1963 : la sculpture principale de ce monument élevé dans le Parc André Citroën (15ème arrondissement de Paris) est l’œuvre du sculpteur Stéphane Vigny et représente six soldats anonymes portant un cercueil (Sarg) invisible. La tombe de Saint Martin (2), elle, se trouve à Tours. Avant de devenir l’évêque de cette ville, Martin (né en 316 en Pannonie, dans l’actuelle Hongrie) – qui était le fils d’un officier supérieur de l’armée romaine – avait dû entreprendre une carrière militaire. Il portait d’ailleurs un prénom prédestiné, dérivé de Mars, dieu de la guerre. Affecté (einteilen, abkommandieren) en Gaule, à Amiens, un soir de l’hiver 334, le légionnaire Martin partage – selon la légende – son manteau avec un pauvre mourant de froid. Le reste supposé de son manteau, appelé « cape / chape » (3) (diminutif « capella« ) a été plus tard envoyé comme reliques à la chapelle palatine (« du palais ») d’Aix-la-Chapelle (Aachen) à l’époque de Charlemagne : cette « petite chape » est à l’origine du mot chapelle. Et une chapelle n’est pas une « petite église », comme le montre l’exemple de la Sainte-Chapelle de Paris : si elle s’appelle ainsi, c’est parce que cette église palatine a été construite sur l’île de la Cité à l’époque de Saint Louis (le roi Louis IX) pour y abriter (beherbergen) des reliques de la Passion du Christ (manteau, couronne d’épines (Dornenkrone), morceau de la Vraie Croix, Sainte Lance…). 1- L’armistice du 11 novembre est le dernier de la « Grande guerre », celui après lequel les hostilités cessent sur tous les fronts. Mais il a été précédé de trois autres, dont celui avec l’Autriche-Hongrie (le 3 novembre 1918, près de Padoue, où le roi d’Italie, Victor-Emmanuel III, avait son état-major). L’armistice avec la Bulgarie avait été signé dès le 29 septembre à Thessalonique et celui avec l’empire Ottoman, le 30 octobre sur l’île de Lemnos. 2- Une légende raconte que, lorsque le corps de Saint Martin a été ramené à Tours, les fleurs se sont mises à éclore (aufblühen) sur le passage du cortège. C »est ce « miracle » qui a donné naissance à l’expression « été de la Saint-Martin« . 3- chapelle, comme chape, chapeau, capuchon, cappuccino ou Capétiens sont dérivés du latin caput (tête, chef = Kopf, Haupt) |
||||
Fête de la MUSIQUE
En 2021, la Fête de la Musique a fêté ses 40 ans. Elle a été imaginée en octobre 1981, alors que Jack Lang était ministre de la Culture. La première édition a eu lieu le 21 juin 1982. Pourquoi ce jour-là ? C’est (en général) la date du solstice d’été dans l’hémisphère Nord, et donc le jour le plus long de l’année. Un concept nouveau : « La musique sera partout et le concert nulle part ». Cet événement festif, populaire et spontané doit encourager la pratique amateur de la musique. Il s’adresse à tous les publics, et tous les genres de musique (chanson, chorales, rock, jazz, rap, techno, musiques traditionnelles ou « savantes »…), se rencontrent pour faire la fête, sans hiérarchie de genre ni d’origine, le 21 juin de chaque année. La ‘recette’ est devenue internationale : la Fête de la Musique s’est exportée dans le monde entier. Aujourd’hui, plus de 120 pays – dont l’Autriche – s’y associent. |
||||
P E N T E C Ô T E
Une semaine avant Pâques, on célébrait les « Pâques fleuries », c’est-à-dire le dimanche des Rameaux (Palmsonntag) qui commémore l’entrée triomphale de Jésus dans Jérusalem. Et, 50 jours à partir du dimanche de Pâques (soit 7 x 7 jours après cette fête), on célébrait les « Pâques roses », c’est-à-dire Pentecôte (du grec ancien pentêkostề hêméra, « cinquantième jour »). Pourquoi « roses » ? Il ne s’agit pas de la couleur, mais des fleurs que l’on appelle en allemand des « Pfingstrosen » – littéralement « roses de Pentecôte » (qui, du point de vue botanique, n’ont rien à voir avec des roses) – et qui sont en français des pivoines, des fleurs dont la couleur traditionnelle est rouge. Selon la coutume, pendant la messe de la Pentecôte, on faisait tomber de la voûte (Gewölbe) de l’église leurs larges pétales rouges pour rappeler les « langues de feu » qui, selon le récit des « Actes des Apôtres », descendirent sur chacun des disciples (Jünger) du Christ réunis ce jour-là, les remplissant du Saint-Esprit. Ils se mirent alors à parler des langues qu’ils ne connaissaient pas mais que les autres peuples comprenaient. Ce « don des langues » ou xénolalie (du grec xéno, « nouveau », et lalein, « parler ») va leur permettre d’aller enseigner (lehren) toutes les nations » : « Ils s’en allèrent proclamer (verkünden) partout l’Evangile. » (Matthieu, 28 : 16-20). Chaque fête chrétienne est associée à une spécialité culinaire : la Chandeleur aux crêpes ; Mardi gras aux gaufres et aux beignets (Krapfen) ; Pâques au gigot d’agneau (Lammkeule), aux oeufs et au chocolat ; Noël à l’oie (Gans) ou à la dinde aux marrons (mit Kastanien gefüllte/r Pute/Truthahn), et – en Provence – aux « 13 desserts » ; l’Epiphanie à la galette ou au gâteau des Rois… La Pentecôte n’échappe pas à (keine Ausnahme bilden) cette tradition, même si le gâteau confectionné à l’occasion de cette fête, le Colombier, est moins connu. (► photo d’illustration) Il doit son nom au fait que, comme le gâteau des Rois, il contient une fève, mais en forme de colombe : cet oiseau symbolise non seulement la paix, mais aussi le Saint-Esprit. Le gâteau a une forme ovale, celle de la mandorle (en architecture et en peinture, c’est une figure en forme d’amande dans laquelle sont inscrits les personnages sacrés, le plus souvent le Christ) qui est aussi celle de l’œuf, tout un symbole ! Ce gâteau est une sorte de calisson géant : une génoise (Biskuit) aux amandes et au melon confit (kandiert), qui est nappée (mit etw. überziehen) de confiture d’abricot, puis décorée d’amandes effilées (Mandelblättchen) et d’une bande de pâte d’amandes (Marzipan) verte sur laquelle il était coutume d’écrire : « Qui la colombe trouvera, joie et bonheur aura ». Peu à peu, la formule a changé en « Qui trouve la colombe se marie dans l’année ». En effet, comme pour la galette des Rois, les parts du Colombier sont tirées au sort (auslosen), et celui qui trouve la fève ne tardera pas – dit-on – à épouser son / sa bien-aimé/e. D’après le mythe fondateur (Gründungssage) de la ville de Marseille, le premier Colombier aurait été confectionné par Gyptis, la fille du chef des autochtones Ségobriges (peuple celto-ligure) : elle y aurait dissimulé (verstecken) une figurine en forme de colombe, promettant d’épouser celui qui la trouverait. C’est ainsi que Protis, un marin originaire de Phocée, s’est marié avec la princesse et qu’ils ont fondé Massalia, future Marseille. La tradition du gâteau de Pentecôte a été « récupérée » (für seine eigenen Zwecke nutzen, recyceln) par un pâtissier parisien qui le commercialise (vermarkten, vertreiben), accompagné d’une notice explicative rappelant la légende. Dans la version « francilienne », c’est Sainte-Geneviève, patronne de Paris, qui après avoir incité la population de Lutèce à résister à l’envahisseur (Invasor, Eindringling) Attila, a vu une colombe – annonciatrice (Vorbote) de paix – se poser sur son épaule. |
||||
M U G U E T
En France, le 1er Mai, il est de tradition d’offrir du muguet porte-bonheur (surtout s’il a 13 clochettes…) Pourquoi du muguet ? Parce que c’est une fleur qui fleurit à cette époque de l’année (même si, avec le réchauffement climatique, le muguet a tendance à éclore de plus en plus tôt…) Il paraît que cette coutume date de la Renaissance : en 1560, le roi Charles IX et sa mère Catherine de Médicis étaient en visite dans le Dauphiné. A Saint-Paul-Trois-Châteaux, un chevalier leur a offert du muguet cueilli dans son jardin. Ravi, le monarque a repris l’idée en offrant chaque printemps le premier mai un brin de muguet aux dames de la cour. Bien entendu, la coutume n’a pas tardé à se répandre dans tout le royaume. Il semblerait que cette tradition se soit un peu perdue au cours des siècles. Ce qui est sûr, c’est qu’elle a été redécouverte à la fin du XIXe siècle par le chansonnier Félix Mayol (l’auteur de l’immortel « Viens Poupoule » !) originaire de Toulon – et dont le patronyme semble prédestiné (Nomen est omen…) puisque le nom scientifique du muguet est « convallaria maialis« ! Son amie parisienne, Jenny Cook, l’accueille à la Gare Saint-Lazare avec un bouquet de muguet. Le soir de sa première sur la scène du Concert parisien, il porte un brin de muguet à sa boutonnière, à la place du traditionnel camélia. Comme sa série de concerts est un véritable triomphe, il décide d’adopter le muguet comme emblème. Au début du XXe siècle, à la Belle Epoque (c’est-à-dire dans les années d’avant la guerre de 14-18), les grands couturiers offrent le 1er mai du muguet à leurs clientes et à leurs « petites mains » (les couturières). Christian Dior en fait même l’emblème de sa maison de couture. Si vous voulez en savoir plus sur le muguet… • Le 1er Mai, particuliers et associations sont autorisés à vendre du muguet, à condition qu’il ait été cueilli dans un jardin privé ou dans les bois… et qu’il soit vendu au moins à 40 m de la boutique d’un fleuriste. Mais en 2020 et 2021 – pandémie oblige – ces ventes dites « à la sauvette » étaient interdites. • attention, tout est toxique dans le muguet : feuilles (qu’il ne faut pas confondre avec celles de l’ail des ours (Bärlauch), clochettes, baies ! Leur ingestion risque provoquer des troubles du rythme cardiaque qui peuvent s’avérer fatals. • Le muguet est devenu l’emblème du Rugby Club Toulonnais (RCT) (en hommage à Félix Mayol, né à Toulon et mécène du club). • C’est également un des symboles de la Finlande (le muguet est en effet une plante qui ne craint pas le froid…) • Son nom français – comme le mughetto italien – dérive de musc (Moschus), en raison de l’odeur de ses fleurs. • Il possède en français divers noms vernaculaires (usuels, non scientifiques) : clochette des bois, grillet, grelot-(Schelle), termes qui rappellent la forme campanulée (en forme de cloche) de ses fleurs et sont proches de sa dénomination en allemand : Maiglöckchen. • Son nom scientifique « convallaria maialis » (« qui pousse en mai dans les vallées ») rappelle sa désignation – en anglais : Lily of the valley ; – en espagnol : lirio de los valles ; – ou en portugais : liro-do-vale. |
||||
O E U F S et L A P I N S de Pâques
Le mot « pâque » vient de l’hébreu biblique pesah (du verbe pasaḣ = passer au-dessus) par l’intermédiaire de l’araméen pasha, du grec πάσχα, et du latin pascha. La fête de Pessah est la commémoration de l’Exode des Hébreux hors d’Egypte. Selon l’Ancien Testament, l’Ange de la mort envoyé par Dieu pour mettre à mort tous les premiers-nés égyptiens (10ème Plaie d’Egypte) est « passé au-dessus » des maisons des Hébreux, marquées du sang de l’agneau sacrifié, et les a épargnés. D’après les Evangiles, la Passion du Christ se serait déroulée pendant cette fête juive, et son nom a été en quelque sorte « recyclé » par le christianisme qui commémore ce jour-là la résurrection de Jésus. Ce n’est d’ailleurs pas la seule récupération opérée par l’Eglise chrétienne : en effet, les coutumes de Pâques reprennent des symboles païens (heidnisch) évoquant le retour du printemps, la renaissance, la « résurrection » de la nature. • La tradition des œufs peints a non seulement une raison symbolique (c’est le symbole de la germination) mais également une raison pratique : pendant le Carême, on ne pouvait pas manger d’œufs… mais les poules continuaient quand même à pondre. A Pâques, les œufs qui n’étaient plus consommables étaient décorés : c’est une tradition encore très vivante en Autriche où les œufs, évidés puis peints, décorent l’arbre de Pâques (Osterbaum). En France, les œufs en chocolat ont remplacé les œufs de poule, et ce sont les cloches – qui s’étaient envolées pour Rome le Jeudi Saint – qui les déposent dans les jardins en revenant de la Ville Eternelle. • Les lapins et lièvres, animaux prolifiques, sont un symbole de fertilité : dans les traditions celtique et scandinave, le lièvre est l’animal emblématique de la déesse mère Eostre (d’où le nom de Easter en anglais, et Oster en allemand). La tradition du lapin (ou lièvre) de Pâques, très répandue dans l’espace anglophone (Easter Bunny), germanophone (Osterhase) et scandinave, n’est cependant pas traditionnellement associée à la fête de Pâques en France : on offre des poules en chocolat, garnies d’œufs en sucre ou en chocolat. • La tradition du lapin de Pâques connaît une variante amusante en Australie où, pour lutter contre la prolifération des lapins et sensibiliser la population au danger d’extinction des espèces autochtones, on a tenté de modifier la tradition en remplaçant le lapin par le « bilby de Pâques » ! • Une fête mobile – La date de la fête de Pâques a été fixée au Concile de Nicée en 325 : elle se situe le 1er dimanche après la pleine lune qui suit l’équinoxe de printemps. C’est-à-dire au plus tôt le 22 mars et au plus tard le 25 avril. |
||||
En 2021, le Poisson d’Avril… est tombé à l’eau !
Outre le fait que la gravité de la crise sanitaire ne rendait pas l’ambiance propice aux blagues, les médias ont voulu éviter de faire circuler des informations fantaisistes susceptibles d’être prises pour argent comptant (für bare Munze). Depuis, les traditionnelles fausses informations du 1er avril se font rares dans la presse. A l’ère des fake news (« infox »), deepfakes (« hupertrucage ») et images générées par l’intelligence artificielle, beaucoup de médias préfèrent y renoncer. |
||||
P O I S S O N d’ A V R I L – APRILSCHERZ : 1er avril
La coutume – en voie de disparition en France – veut que l’on accroche, discrètement, des poissons en papier dans le dos des personnes à qui on veut faire une farce le 1er avril : ce jour-là, elles se promènent sans le savoir avec ce « poisson d’avril » qui fait rire ceux qui les rencontrent. Par ex., le 1er avril 2015, un article du journal l’Obs prétendait que les détecteurs de fumée – devenus obligatoires dans les lieux habités – étaient équipés d’un micro-espion. Depuis, nous avons appris que nous sommes réellement espionnés par nos portables, ordinateurs, télévisions… et même par notre four à micro-ondes (a déclaré très sérieusement la conseillère de Donald Trump – et ce n’était pas un 1er avril…) Aujourd’hui, le poisson d’avril est synonyme de canular, plaisanterie. Ce jour-là, les médias diffusent de fausses informations, en les présentant de façon plus ou moins crédible. (Déjà des « faits alternatifs » !) Pourquoi le 1er avril ? – En 1564, par l’Edit de Roussillon, le roi de France Charles IX décide de modifier le calendrier pour que l’année commence le 1er janvier et non plus fin mars. La mesure est ensuite étendue à l’ensemble de la Chrétienté avec l’adoption du calendrier grégorien en 1582. La mesure entre en vigueur le 1er janvier 1567. Ce jour-là, comme à chaque début d’année, on se souhaite « bonne année » et on échange des cadeaux. Cette année-là et les années suivantes, beaucoup de gens ont eu du mal à s’habituer au nouveau calendrier, et certains n’étaient même pas au courant que la date de la nouvelle année avait changé ! Ils ont donc continué à s’offrir des cadeaux et des étrennes entre le 25 mars et le 1er avril. Pour se moquer de ces étourdis – ou rebelles – des petits malins ont eu l’idée de leur offrir des cadeaux un peu spéciaux. C’est de là que vient, paraît-il, la coutume de faire des farces le 1er avril. Pourquoi un poisson ? 1ère explication : à cette époque de l’année, la pêche est interdite en France, car c’est la période de reproduction des poissons. On faisait des farces aux pêcheurs en leur offrant de faux poissons. 2ème hypothèse : le 1er avril tombe en général pendant le carême, période de jeûne (Fasten) où il était interdit de manger de la viande, alors que la consommation de la chair des poissons (et d’animaux aquatiques comme les canards, les cygnes … ou même les castors !) était autorisée. De plus, l’ancien français peiscion (poisson) rappelle le mot passion (martyre enduré par le Christ). C’est de là que viendrait l’idée de tourmenter (gentiment) les autres. 3ème explication : depuis la plus haute antiquité, cette période de l’année était en rapport avec le poisson, le signe zodiacal des Poissons se terminant fin mars. En Autriche, on dit « April April » ou « Aprilscherz » juste après avoir fait sa blague. On « envoie qn dans l’avril » (jn in den April schicken, expression attestée pour la première fois en 1618 en Bavière). Mais il n’est pas question de poisson, et l’origine de la coutume est tout aussi controversée que celle du poisson en France. |
||||
DIMANCHE des R A M E A U X / PALMSONNTAG
Lors de l’entrée solennelle de Jésus à Jérusalem, le dimanche précédant Pâques, la foule agitait sur son passage des branches coupées aux arbres, rameaux de palmier, mais aussi vraisemblablement d’olivier et d’autres arbres. Aujourd’hui, selon la latitude (Breitengrad), les rameaux – qui sont bénis pendant la messe, puis rapportés à la maison – sont de palmier (à Nice par ex. et dans le Sud de l’Europe), d’olivier (pays méditerranéens), de laurier, de buis (Buchsbaum), mélangé avec des branchettes de saule avec des chatons (Weidenkätzchen). Dans certains pays ou régions, avec ces différents rameaux, on confectionne des bouquets accrochés à un long bâton et on les décore avec des œufs évidés et peints, des rubans, des fruits confits (en Provence), ou des meringues (à Limoges). Le mot « palme » vient du latin palma (la paume : Handfläche) en raison de la ressemblance entre les découpures (gezackter Rand) de la feuille de palmier et la face interne de la main aux doigts écartés. En français, la « palme » ne désigne pas l’arbre (le palmier »), mais une de ses branches. Peut-être que le dimanche des Rameaux à Jérusalem, certains ont escaladé le tronc des palmiers pour mieux voir passer Jésus dans cette foule dense. Mais cela n’a rien à voir avec l’expression allemande jemanden auf die Palme bringen, qui signifie exaspérer (rasend machen, auf Äußerste reizen) quelqu’un au point de lui faire perdre le contrôle de lui-même. La locution rappelle peut-être le comportement de certains singes déchaînés (außer Rand und Band) qui s’élancent sur l’arbre le plus proche (parfois des palmiers…) et grimpent jusqu’au sommet. |
||||
C A R N A V A L et M A R D I G R A S
Mardi-Gras – Faschingsdienstag – A GRAZ, on fête… MARDI-GRAZ Selon , c’est le dernier jour où on peut « faire gras » (c’est-à-dire manger des aliments riches : beurre, œufs, viande). Il précède le Mercredi des Cendres (Aschermittwoch), jour où commence le Carême, période de 40 jours de jeûne et d’austérité, où l’on doit « faire maigre » (ne pas manger de viande). C’est pourquoi Mardi gras esst un jour où les excès (tant alimentaires que vestimentaires) sont permis. • C’est le jour où l’on déguste des crêpes, des gaufres et des beignets (Krapfen) – dont la recette et le nom varient beaucoup selon les régions : bugnes, merveilles, oreillettes, pets de nonne (mais si !), roussettes ou tortisseaux…- • Cette coutume viendrait de la nécessité d’épuiser (verbrauchen) les réserves de beurre et d’œufs qui ne seront pas utilisées pendant le jeûne du Carême. Le mot « beignet » ne vient pas de « baigner » dans l’huile de friture, mais de « bigne / (beigne / Backpfeife ) qui signifie « enflure, bosse, coup sur la tête ». « Recevoir une beigne », c’est se prendre une claque, une gifle, et avoir ensuite la joue enflée, gonflée. La pâte des beignets, elle, gonfle dans l’huile chaude. • Pour rester dans le domaine culinaire, rappelons que l’on dit aussi (familièrement) « se prendre une bugne, une tarte (Watsche). Comptine (Abzählreim) du Mardi gras : « Mardi gras, ne t’en va pas, nous ferons des crêpes, nous ferons des crêpes, Mardi gras, ne t’en va pas, nous ferons des crêpes ce jour-là. » Le mot CARNAVAL (avec trois « a », contrairement au mot allemand « Karneval« ) dérive (avec une métathèse ou inversion des syllabes « LE » et « VA ») du latin médiéval « carne levare » qui signifie « enlever la chair » (Fleisch), d’où le sens de « supprimer la (consommation de) viande » pendant tout le Carême • En France, le carnaval n’est pas une institution comme en Allemagne ou en Autriche.
Les carnavals (eh, oui, c’est une exception, pas de « • En Louisiane (baptisée ainsi en l’honneur de Louis XIV), à la Nouvelle-Orléans (qui, elle, doit son nom au régent Philippe d’Orléans), le carnaval est nommé « Mardi Gras » (en français dans le texte) et reste une tradition très suivie. Le roi des gâteaux de la période du Carnaval en Louisiane, c’est le King cake. Il est consommé de l’Epiphanie (Dreikönigstag) (fête où il contient une fève / Bohne, comme notre « Gâteau des Rois ») jusqu’au Mercredi des Cendres qui marque la fin du Carnaval. Confectionné avec une pâte briochée fourrée à la cannelle, le King cake se présente sous la forme d’une couronne décorée d’un glacis de sucre (et parfois même de paillettes…) aux couleurs traditionnelles du Carnaval : l’or (qui symbolise le pouvoir), le vert (la foi) et le violet (la justice). Ce sont des émigrants français qui ont amené leurs traditions (« tirer les Rois » et Mardi-Gras) à la Nouvelle-Orléans. La persistance de coutumes françaises, à des milliers de km de l’Hexagone (Paris est à plus de 7 700 km de la Nouvelle-Orléans) nous rappelle que la Louisiane a appartenu à la France jusqu’en 1803, date à laquelle elle a été vendue par Bonaparte (qui n’était pas encore Napoléon 1er) aux Etats-Unis d’Amérique nouvellement créés. Le territoire cédé (qui s’étendait du Golfe du Mexique jusqu’au Canada) représente plus de 22% de l’actuelle superficie des Etats-Unis ! |
||||
C H A N D E L E U R – Maria Lichtmess : 2 février
La Chandeleur, qui se fête le 2 février, signifie « fête des chandelles » (festa candelorum). omme toutes les traditions de cette période de l’année qui voit les jours allonger, cette fête est liée à la lumière, la purification, la fécondité (Fruchtbarkeit). Au cours des Lupercales à Rome, on fêtait le dieu de la Fécondité Lupercus ou Pan, et le retour de la lumière. Les Romains défilaient aux flambeaux dans les rues, mangeaient des galettes de céréales. Peut-être est-ce l’origine des crêpes que nous dégustons aujourd’hui à la Chandeleur. La crêpe – ronde et dorée – rappelle naturellement le disque solaire et la fête celte d’Imbold (célébrée le 1er février) qui marquait la fin de l’hiver. Dès la fin de l’Empire romain d’Occident, l’Eglise catholique a entrepris de remplacer systématiquement les rites païens par des fêtes chrétiennes. Ainsi, au Ve siècle, le pape Gélase 1er a institué la Chandeleur (Fête de la présentation de l’Enfant Jésus au Temple), 40 jours après Noël, pour « concurrencer » la fête païenne. A la Chandeleur, en Occident, les fidèles défilaient en procession avec des cierges bénits, qu’ils devaient rapporter de l’église jusqu’à leur maison : « Celui qui le rapporte chez lui allumé, pour sûr ne mourra pas dans l’année », affirme le dicton. Les cierges étaient censés posséder de nombreuses vertus. On les conservait précieusement dans l’armoire familiale d’où on les sortait en cas de maladie grave ou lors d’un gros orage, car ils avaient – paraît-il – le pouvoir d’éloigner la foudre. On les allumait chaque fois qu’il était nécessaire d’implorer le ciel, d’écarter les mauvais esprits et de protéger la maison, ses habitants, le bétail, les champs, les vignobles… Dans de nombreuses régions françaises, et jusqu’au XVIIIe siècle, la Chandeleur était appelée « Chandelours », une dénomination rappelant l’un des cultes païens que l’Eglise avait cherché, en vain, à éradiquer. Cette fête célébrait la fin de l’hibernation de l’ours qui sort de sa tanière : si la température est douce et s’il voit le soleil et son ombre, l’animal retourne vite poursuivre son hibernation, car il sait que le beau temps ne durera pas. Selon le dicton, « s’il fait beau à la Chandelours / six semaines se cache l’ours ». L’équivalent de la Chandelours en Amérique du Nord est le célèbre « Jour de la marmotte » (Groundhog Day), fêté – lui aussi – le 2 février. Cette tradition d’outre-Atlantique serait cependant d’origine européenne : •• Diese Regel stammt eigentlich aus Deutschland bzw. aus Europa. Denn schon die alten Römer beobachteten zum Ende des Winters Igel, die aus dem Winterschlaf erwachten. Auch die Engländer und die Deutschen übernahmen den Brauch. In Deutschland wird im Laufe der Jahrhunderte aus dem Igel ein Dachs und eine eigene Bauernregel: ‘Sonnt sich der Dachs in der Lichtmesswoche, bleibt er 4 Wochen noch im Loche.’ (lien) http://www.donnerwetter.at/wetter-aktuell/127-murmeltierttag-die-erfolgsgeschichte-einer-deutschen-bauernregel_cid_15945.html » •• : La marmotte a simplement remplacé le blaireau européen : « Sonnt sich der Dachs in der Lichtmesswoche, bleibt er 4 Wochen noch im Loche« . Les dictons français confirment ces prévisions « météorologiques » : « Beau et clair à la Chandeleur, l’hiver garde sa rigueur. » « Soleil le deux février, l’hiver sera prolongé. » Les crêpes de la Chandeleur rappellent les traditions très anciennes liées au culte solaire Quant à la tradition de la pièce d’or qu’on doit tenir dans la main gauche quand on fait sauter la première crêpe – ce qui garantit qu’on aura de l’argent toute l’année – elle est aussi très ancienne. Cette première crêpe était ensuite enroulée autour de la pièce d’or, puis portée en procession par toute la famille jusqu’à la chambre où on la déposait sur le haut de l’armoire. Les restes de la crêpe de l’année précédente étaient alors récupérés, et la pièce qu’elle contenait était donnée au premier pauvre qui passait. Le rapport entre la crêpe et l’ours, c’est peut-être le miel – dont les ours sont paraît-il très friands, et dont vous pouvez napper vos crêpes (à moins que vous ne préfériez le Nutella, comme – paraît-il – la majorité des Français… « Des goûts et des couleurs, on ne discute pas ! ») Quoi qu’il en soit, bonne Chandeleur et bon appétit ! |
||||
E P I P H A N I E (du grec « apparition, manifestation ») – Drei Könige : 6 janvier Cette fête correspond à la présentation de l’enfant Jésus aux Rois Mages, Gaspard, Melchior et Balthasar. Jusqu’en 1802, le 6 janvier était un jour férié en France. Aujourd’hui, on fête l’Épiphanie le 2ème dimanche après Noël. La galette des rois, servie à cette occasion, est une tradition qui remonte au moins au XIVème siècle. Elle >était partagée en autant de parts que de convives (Gast), plus une, la « part du Bon Dieu » ou « part du pauvre », qui était destinée au premier pauvre qui se présenterait (auftauchen). Il est de coutume que le plus jeune convive se glisse sous la table pour désigner à qui sont attribuées les parts. C’est ce qu’on appelle « tirer les Rois » (tirer = losen). Celui qui a la part contenant la fève (« Saubohne » – « faba ou fava » en latin) est déclaré roi, il se coiffe de la couronne et choisit sa reine. Puis on trinque (anstoßen) à leur santé. On a – naturellement – aménagé (abändern) la tradition : aujourd’hui, la femme qui a la fève devient la reine et choisit son roi. Le roi – ou la reine – devra, en principe, offrir la prochaine galette. Pourquoi une fève – et pas un petit pois ? La fève joue un rôle important dans les rites antiques en raison de sa forme embryonnaire. C’est un symbole de vie, de renouveau). Pourquoi une galette ronde ? Sa forme et sa couleur dorée rappellent le disque du soleil. Le culte solaire se retrouve dans de nombreuses traditions au moment du solstice (« Sonnenwende« ) d’hiver. Chez les Grecs, puis chez les Romains, la fève – blanche ou noire – servait de jeton de vote (Wahlmarke, -münze). La fève dans la galette des rois remonte au temps des Romains. Lors des Saturnales de Rome (début janvier), on élisait parmi les esclaves le roi du festin au moyen d’une fève. A la Révolution française, les fêtes religieuses sont supprimées, et le jour des Rois est transformé en 1791 en « Jour des Sans-culottes » (la culotte : Knniebundhose… und nicht Unterhose). Cependant le gâteau des Rois ne tarde pas à faire sa réapparition sous un autre nom. Un décret du 4 nivôse an III du calendrier révolutionnaire (24/12/1794 dans le calendrier grégorien) rebaptise l’Épiphanie « Fête du Bon voisinage » et recommande de partager la “galette de l’Egalité” : la fève ne représente plus l’Enfant Jésus mais … le bonnet phrygien ! On constate une fois de plus que l’Histoire est un perpétuel recommencement : la « Fête des Voisins », lancée en 1999, et qui a lieu chaque année fin mai ou début juin, ne fait que remettre au goût du jour (dem Zeitgeist anpassen, wieder aufleben lassen) une fête révolutionnaire ! A l’origine et jusque vers 1870, la fève était végétale. Elle est aujourd’hui en porcelaine ou … en plastique et représente un peu n’importe quoi : de l’Enfant Jésus et des santons (Krippenfiguren)… aux personnages de Walt Disney… La 1ère fève en porcelaine a été fabriquée en Allemagne en 1874 et représentait un nouveau-né. La « fabophilie »(ou favophilie) est une activité qui consiste à collectionner les fèves de galettes des Rois. Il existe deux sortes de gâteaux des Rois
|
||||
L’année 2024 est bissextile : elle compte 366 jours.
Ceux qui sont nés un 29 février peuvent – enfin – fêter leur anniversaire ! En latin, on employait le terme bissextus (bis : deux fois + sextus : sixième) pour désigner le jour intercalaire que l’on rajoutait tous les quatre ans. Pourquoi justement en février ? Parce que dans le calendrier dit « julien » (car institué en 45 avant Jésus-Christ par Jules César), c’était le mois le plus court et le dernier de l’année (qui commençait donc en mars). Les Romains ont doublé le sixième jour avant les calendes de mars (correspondant au 24 février actuel) qui, ainsi, devenait « bissexte ». Selon l’étymologie populaire (fausse, mais plus facile à retenir…), une année bissextile, c’est celle dont le nombre de jours se termine… par deux fois le chiffre 6 = 366. |
||||
N O U V E L A N
En ce premier janvier 2024, je vous propose un mini-tour de France des souhaits de Nouvel An. Commençons par la Provence « Bon bou d’an e a l’an que ven. E se siam pas mai, que siguem pas mens ! » (Bonne fin d’année et à l’an qui vient. Si nous ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins !) tel est le souhait traditionnel qu’on formule à Avignon, Marseille, Aix… (du moins chez ceux qui connaissent encore quelques mots de provençal) au moment du changement d’année. « Pèr 2024 vous souvetan uno bono e bello annado bèn granado, urouso e fruchouso e uno bono santa ! (Pour 2024, nous vous souhaitons une bonne et belle année « bien grainée » (= avec de bonnes récoltes), heureuse et fructueuse, et une bonne santé !) – Bretagne : du côté de Quimper (Finistère) ou de Rennes (capitale régionale), il est de coutume de souhaiter « Bloavez mad, yehed, ha prosperite » (Bonne année, santé et prospérité) – en basque, on dit « Zorionak eta Urte Berri On » (Tous mes) Voeux et Bonne Année). – « A güata Rutsch » (littéralement : « une bonne glisse ») : que ce soit un « Noël blanc » ou un « Noël au balcon », qu’il y ait du verglas ou pas, c’est le voeu qu’on exprime en Alsace pour le Nouvel An, formule souvent accompagnée de « A glicklig nèi Johr« . Ces deux tournures rappellent, bien sûr, les « Guten Rutsch! » (prononcé avant minuit) et « Glückliches neues Jahr » (souhaité après les 12 coups de l’horloge ou de la Pummerin, c’est-à-dire le bourdon (große Glocke mit tiefem Schlagton) de la cathédrale Saint-Etienne de Vienne qu’on échange en Autriche à la Saint-Sylvestre. « Prosit Neujahr! » Trinquons à la nouvelle année ! (« trinquer »- auf etwas anstoßen vient, bien sûr, du verbe « trinken« ). |
||||
N O U V E L A N : l’année 2017 dure une seconde de plus !
En effet, le premier janvier, la minute entre 0h59 et 1 heure a duré 61 secondes ! Cette seconde intercalaire a été ajoutée pour éviter un décalage entre le temps « atomique » (où la seconde est calculée selon la fréquence d’oscillation d’un atome de césium) et le temps « astronomique ». « Prosit Neujahr! » . Trinquons à la nouvelle année… qui dure donc 31 536 001 secondes (une année « normale » de 365 jours dure 8 760 heures = 525 600 minutes = 31 536 000 secondes) |
||||
N O Ë L
L’étymologie de « Noël » n’est pas clairement établie. Alors que, dans la plupart des autres langues européennes, le mot se réfère directement à la naissance du Christ :
– on souhaite en allemand « Fröhliche Weihnachten » (joyeuse nuit sacrée),
– en anglais, « Merry Christmas; »> » (joyeuse messe de Christ),
– en espagnol « Feliz Navidad » (joyeuse nativité),
– en italien « Buone Feste Natalizie » (bonnes fêtes de nativité),
– en grec « Kala Christougenna » (joyeuse naissance du Christ) …
Le mot « Noël »> » a une origine controversée. Il existe en effet plusieurs hypothèses à ce sujet : – La plus « classique » : le mot viendrait de l’expression latine « dies natalis » (jour de naissance). Au fil du temps, « natalis » aurait évolué phonétiquement en « nael » (mot attesté en 1120). Le « o » viendrait de la dissimilation des deux « a » de « natalis« . Quant au tréma sur le « e », il a été ajouté en 1718. – Certains estiment que ce mot serait en réalité une sorte d’acronyme : dans la version latine de l’évangile selon saint Luc (2 : 11), on trouve la phrase « Natus est vobis Emmanuel » (Il est né pour vous Emmanuel). Ce qui a donné N + V + E + L (le « V » et le « U » se confondaient en latin). – Autre hypothèse : ce terme serait la combinaison de « noio » (nouveau) + « hel » (soleil), (en grec neo + helios), et se référerait à la fête païenne du solstice d’hiver où on célèbre la victoire du soleil sur les ténèbres, au moment où les jours recommencent à s’allonger. De leur côté, à Noël, les chrétiens fêtent la naissance de Jésus, « la lumière du monde » (Jean, 1 : 5, 9) Rappelons que ce n’est qu’au IVème siècle que la fête de Noël a été instituée : l’empereur Constantin et l’Eglise de Rome ont choisi la date du 25 décembre, un choix arbitraire puisqu’on ne connaissait pas la date exacte de la naissance du Christ, mais un choix dont l’intention ne faisait aucun doute : il s’agissait de concurrencer puis d’éclipser – c’est le cas de le dire ! – la fête solaire païenne du solstice d’hiver. Il est à noter que, dans les langues scandinaves, le mot « Jul » désigne à la fois la fête de la Nativité et celle du solstice d’été. Au Danemark, on se souhaite « Joyeux Noël » en disant « Glædelig Jul ! » ; en Suède et en Norvège, on dit « God Jul ! » ; en Islande, on entend « Gleðileg Jól ». Quelles que soient son origine étymologique et la signification qu’on lui accorde, Noël est la fête de la lumière, du renouveau, de la re-naissance, la croyance en des jours meilleurs. |
||||
N O Ë L et P Â Q U E S
Toute une série de dictons assurent que, s’il fait beau et doux à Noël, cela annonce du froid pour Pâques. Noël au balcon, Pâques aux tisons (glimmendes Holzstück). A Noël les moucherons, à Pâques les glaçons. Soleil à Noël, neige à Pâques. A Noël la chaleur, à Pâques la froideur. Qui prend le soleil à Noël, à Pâques se gèle. Quand tu prends à Noël le soleil, à Pâques te rôtis l’orteil. Verte fête de Noël, blanche fête de Pâques… On trouve des dictons comparables en allemand : Ein grüner Christtag, ein weißer Ostertag. Grüne Weihnachten, weiße Ostern. D’après Météo France, ces dictons – pourtant unanimes, ce qui est rare pour les proverbes météorologiques ! – n’ont aucun fondement scientifique… Ils sont d’autant moins fiables (verlässlich) que, si Noël tombe toujours le 25 décembre, la date de Pâques, elle, est mobile (entre le 22 mars et le 25 avril). Réchauffement climatique oblige, ces dernières années les températures ont été plutôt douces, voire très douces, à Noël, en France comme en Autriche. Mais nous n’avons pourtant pas été obligés de passer « Pâques aux tisons », sauf en 2017 où le mois d’avril a été le plus frais depuis 9 ans. |
||||
A R B R E de N O Ë L
Les premiers arbres de Noël apparaissent en Alsace au XVe siècle. La région n’est pas française à cette époque : elle fait encore partie du Saint Empire romain germanique. Cette nouvelle coutume est d’abord nommée « Mai d’hiver », car c’est en réalité la récupération par l’Eglise chrétienne d’un rite païen de fécondité, celui de l’Arbre de maique l’on plantait au printemps. La plupart des fêtes chrétiennes (Noël, la Chandeleur, la Toussaint, la Saint-Valentin… pour n’en citer que quelques-unes) sont d’ailleurs d’anciennes fêtes païennes. La tradition de l’Arbre de mai a évolué : alors que c’était un arbre vivant à l’origine, depuis le XVIe siècle, c’est un mât (tronc d’arbre dépourvu de branches) qui est planté dans la terre, le Maibaum>, tel qu’i est encore connu dans l’espace germanique aujourd’hui. Aux XVI-XVIIe siècles, l’arbre de Noël est rarement un sapin : – d’une part, il s’agit souvent d’autres végétaux à feuilles persistantes (immergrün) (comme l’olivier, le buis, le houx / Stechpalme, le laurier… dont le feuillage reste vert en hiver), – d’autre part, ce sont plutôt des branches ou des rameaux (Zweig) que des arbres entiers. La tradition de l’arbre de Noël se développe chez les protestants allemands pour se démarquer (sich abgrenzen) des catholiques qui, eux, privilégiaient la tradition de la crèche avec ses santons (les « petits saints »). Et, en effet, ce sont des princes et princesses de culture germanophone et protestante qui vont l’introduire progressivement dans les cours d’Europe occidentale : – 1er essai à Versailles avec la Princesse palatine (aus der Pfalz), Elisabeth-Charlotte, belle-sœur de Louis XIV, – Nouvelle tentative en 1738, avec Marie Leszcynska, femme de Louis XV, d’origine polonaise. Mais, apparemment, ces deux premières « importations » ne sont pas couronnées de succès, puisque, en 1837, la cour semble redécouvrir la tradition de l’arbre de Noël avec la duchesse d’Orléans, née Hélène de Mecklembourg. – A Vienne, c’est la princesse Henriette de Nassau-Weilburg (une calviniste), épouse de l’archiduc Charles d’Autriche (frère de l’empereur François 1er), qui fait découvrir l’arbre de Noël à la cour en 1816, – En Angleterre, c’est le prince Albert, époux de la reine Victoria, qui introduit (en 1841) cette tradition provenant de sa Saxe natale.. Mais après la guerre franco-prussienne de 1870 et l’annexion de l’Alsace-Moselle, ce sont les « optants » (= les habitants de ces départements, qui ont choisi de rester français et qui sont obligés de quitter leur patrie devenue allemande) qui vont diffuser cette coutume dans l’Est de la France. Avec le temps, les pommes rouges qui ornaient l’arbre sont remplacées par des boules de verre (puis de plastique…), les guirlandes électriques se substituent aux bougies de cire (au grand soulagement des pompiers…), les papillottes (Knallbonbon) et autres friandises (Leckereien) prennent la place des fleurs, noix peintes et décorations en paille. Les régions du Midi ont résisté plus longtemps à l’invasion du sapin de Noël : en Provence, jusqu’à la fin des années 1960, on fêtait Noël sans arbre et sans Père Noël. C’était l’Enfant Jésus qui descendait par la cheminée pour déposer des cadeaux dans les souliers disposés devant, dans un ordre dépendant de l’âge de leur propriétaire : des chaussons du petit dernier de la famille jusqu’aux chaussures du grand-père. Et puis le Sapin est arrivé, suivi un peu plus tard de la Couronne de l’Avent. Rien ne résiste à la mondialisation des traditions ! |
||||
SAPIN de NOËL à l’envers !
Un monde qui marche sur la tête (Kopf stehen) ?
Ce sont les grands magasins qui ont lancé (einführen) cette nouvelle mode – pour des raisons de marketing, bien entendu : cela permet d’accrocher les décorations et les autres articles à vendre à la hauteur des yeux des clients etde dégager suffisamment de place au sol pour y présenter d’autres produits. Ces dernières années, ce sont les particuliers qui ont adopté le « sapin à l’envers » : l’arbre est ainsi moins encombrant (platzraubend) et hors de portée (außer Reichweite) des jeunes enfants et des animaux domestiques. En outre, comme c’est un sapin artificiel (en effet, un « vrai » arbre serait trop lourd et exigerait une fixation plus robuste), il ne perd pas ses aiguilles et il est économique, car il peut être réutilisé chaque année (jusqu’à ce que la mode passe…) Beaucoup estiment que le sapin à l’envers bafoue la tradition. Certains y voient même un sacrilège et rappellent le rite satanique de la croix à l’envers. D’autres se demandent avec inquiétude jusqu’où ça va aller : verra-t-on bientôt le Père Noël pendu par les pieds ? Et pourquoi pas les rennes ? Et, qu’en est-il (wie steht es mit) des bougies ? Heureusement qu’en France on décore surtout le sapin de Noël avec des guirlandes électriques ! Mais en Autriche ? L’exemple à ne pas imiter ! La municipalité de Graz a voulu suivre cette mode, mais n’a pas compris qu’il fallait pendre le sapin par le pied et pas par le sommet. Résultat : les arbres de Noël qui pendouillent (herumbaumeln) tristement dans la capitale styrienne ont un aspect sinistre (unheimlich) – pour ne pas dire macabre – pendant la journée, quand ils ne sont pas illuminés. Au fait (übrigens), le sapin à l’envers n’est pas une invention du XXIe siècle : c’est une tradition qui existe depuis des siècles dans l’Est de l’Europe. En Autriche aussi, certains se souviennent que dans leur enfance – surtout en milieu rural – l’arbre de Noël était suspendu au plafond : d’une part pour échapper aux animaux qui vivaient dans la ferme et d’autre part pour ne pas encombrer (versperren) la salle commune (à une époque où elle servait de lieu de rassemblement pour toute la famille). |
||||
8 décembre – Fête des Lumières à Lyon Le 8 décembre n’est pas férié en France. Mais ce jour-là, Lyon célèbre « La Fête des Lumières« , inspirée des festivités religieuses traditionnelles de l’Immaculée Conception. Depuis 1989, la ville est illuminée pendant quatre jours aux environs du 8 décembre. Touchée par la peste, Lyon s’est mise sous la protection de la Vierge Marie en 1643 : les notables de la ville ont fait le vœu de rendre chaque année hommage à Marie si elle faisait cesser l’épidémie. La peste passée, Lyon a tenu sa promesse et depuis, chaque année, un cortège solennel défile de la cathédrale Saint-Jean (au centre de la ville) jusqu’au sanctuaire de la Vierge (aujourd’hui jusqu’à la basilique Notre-Dame) situé sur la colline de Fourvière. A l’origine, cette cérémonie avait lieu le 8 septembre, jour de consécration de la ville à la Vierge et jour de la fête de sa Nativité. En 1852, en raison des intempéries, la fête n’a pas pu avoir lieu et a été repoussée au 8 décembre, fête de l’Immaculée Conception (célébrée depuis le IXe siècle mais proclamée comme dogme seulement en 1854). Selon la tradition, chaque famille lyonnaise met ses « lampions » ou « lumignons » (bougies courtes abritées dans un petit récipient en verre épais) sur le rebord de ses fenêtres. Cette coutume a tendance à disparaître… la « Fête des lumières » lui fait de l’ombre ! A partir de 1999, la fête est institutionnalisée et l’événement ne cesse de prendre de l’ampleur : des animations importantes (procession et montée aux flambeaux vers la basilique, feux d’artifice, illuminations des rues et des commerces des vieux quartiers, spectacles « son et lumière »…) sont organisées par la municipalité, attirant chaque année des millions de visiteurs (4 millions en 2012). La Fête a dû être annulée, une première fois, en 2015, après les attentats du 13 novembre en Île-de-France. Et une deuxième fois en 2020, en raison de la pandémie de Covid-19. (d’après Wikipédia) |
||||
25 NOVEMBRE – Sainte CATHERINE – la tradition des C A T H E R I N E T T E S
Le 25 novembre, c’est la Sainte Catherine. Ce jour-là, on fête les jeunes filles de 25 ans encore célibataires.
A l’origine de cette tradition se trouve Catherine d’Alexandrie qui a vécu au début du IVe siècle et qui est morte martyre à 18 ans. Selon la légende, elle aurait été emprisonnée après refusé d’épouser l’empereur Maxence. Elle a été ensuite écartelée puis décapitée. Aujourd’hui Sainte Catherine est la patronne des filles à marier, des philosophes, théologiens, notaires, étudiants, mais aussi des « petites mains » de la couture et des modistes (fabricants de chapeaux). Selon la tradition – qui remonte au Moyen âge – le 25 novembre, les jeunes filles de 25 ans non mariées, coiffées d’un chapeau extravagant, décoré de rubans et d’objets divers de couleur jaune et verte se rendaient en procession devant une statue de Sainte Catherine pour la décorer de fleurs, de rubans et d’un chapeau. On disait qu’elles « coiffaient Sainte Catherine », non pas dans le sens de « arranger les cheveux de qn » (frisieren) : cela signifiait « poser une coiffe ou un autre couvre-chef sur la tête de qn ». Les jeunes filles en quête de mari adressaient à la sainte la prière suivante : « Sainte-Catherine, aide-moi. Ne me laisse pas mourir célibataire. Un mari, Sainte-Catherine, un bon, Sainte-Catherine ; mais plutôt un que pas du tout ! » C’est dire le désespoir de ces femmes déterminées à trouver un mari, coûte que coûte… Aujourd’hui, ces processions ont disparu, mais l’expression est restée : « coiffer Sainte Catherine » est synonyme d’atteindre l’âge de 25 ans sans être mariée. La tradition de la fête de la Sainte Catherine perdure dans les maisons de haute-couture françaises – Dior, Lanvin, Chanel, Vuitton… – qui organisent chaque 25 novembre un concours de « Catherinettes », récompensant les coiffes les plus originales. Cette fête peut sembler un peu désuète en 2023 où, selon l’INSEE, l’âge moyen du premier mariage est d’environ 32 ans, donc bien supérieur à « l’âge limite » pour « coiffer Sainte Catherine ». Ne pas être « casée » (unter die Haube kommen) à 25 ans n’est plus une honte ! Les célibataires de 25 ans et plus ne sont plus stigmatisées. Pourtant les mots n’évoluent pas aussi vite que la société : ils sont toujours discriminatoires pour désigner les femmes non mariées, traitées de « vieille fille » = alte Jungfer, alors qu’un homme qui n’est pas encore marié est qualifié de « célibataire endurci » = eingefleischter Junggeselle, dénominations beaucoup moins péjoratives. Notons au passage le néologisme « célibattante » qui désigne une célibataire combative, qui veut réussir et entend profiter de sa liberté. Le mot possède une connotation militante… tout en suggérant un certain dépit, ce qui rappelle le vers de La Fontaine (in « Le Renard et les raisins ») devenu proverbial : « Ces raisins sont trop mûrs (et bons pour des goujats) ». On emploie cette formule pour se moquer de ceux qui font semblant de dédaigner ce qu’ils ne peuvent obtenir. Il n’existe pas de preuves de l’existence réelle de Catherine d’Alexandrie. L’Église catholique elle-même doute de son existence et a officiellement retiré la sainte du Calendrier romain en 1969, mais le pape Jean-Paul II l’y a rétablie en 2002 à la suite d’un pèlerinage au Monastère Sainte Catherine du Sinaï. La couleur du chapeau et celle de ses accessoires portés par les Catherinettes ont une signification : le jaune symbolise la réussite, tandis que le vert symbolise l’espoir, en l’occurrence celui de « dénicher » (auftreiben) un mari. |
||||
La paraskevidékatriaphobie, c’est l‘angoisse du vendredi 13 (du grec paraskevi = « vendredi » + dekatreis = « treize » + phóbos = « peur »).Cette superstition – qui remonterait aux origines de la Chrétienté – a fait de cette date, dans certaines cultures, un jour de malheur. En effet, c’est parce que, d’une part, le Christ a été crucifié un vendredi et que, d’autre part, la veille, lors du repas sacré de la Cène, il était accompagné de ses 12 Apôtres – parmi lesquels Judas Iscariote, qui devait le trahir et le livrer la nuit-même – qu’est née l’idée d’un mauvais présage annoncé par la présence de 13 convives. |
||||
SAINTE-LUCE: 13 décembre
A la Sainte-Luce, les jours allongent d’un saut de puce« , affirme le dicton.
Comme la Sainte-Luce, ou Sainte-Lucie, tombe le 13 décembre, ce dicton peut paraître absurde : en effet, la durée du jour ne commence à rallonger qu’après le solstice (Sonnenwende) d’hiver,qui a lieu en règle générale le 21 ou le 22 décembre. Si ce dicton n’est plus pertinent (zutreffend) dans le calendrier grégorien, il l’était dans le calendrier julien, hérité de l’Antiquité. Calendrier grégorien – Pour rattraper le retard du calendrier julien sur le soleil, le pape Grégoire XIII a décidé de supprimer 10 jours : c’est ainsi qu’on est passé du jeudi 4 au vendredi 15 octobre 1582 (dans les Etats pontificaux et certains pays catholiques comme l’Espagne, le Portugal, les Etats de la péninsule italienne.) La France a adopté le calendrier grégorien en décembre (la nuit du 9 au 20 !) de la même année. En Autriche, la date diffère selon les régions : à Salzbourg et au Tyrol, on passe du 5 octobre au 16 octobre 1583. En Styrie et en Carinthie, on passe du 14 au 25 décembre 1583. Un beau cadeau de Noël ! Dans les « Essais » (III, 11), Michel de Montaigne évoque la réforme du calendrier grégorien et les difficultés qu’éprouvent ses contemporains et lui-même à s’y habituer : « Ce fut proprement remuer le ciel et la terre à la fois ». Mettez-vous à leur place ! Vous vous endormez le 9 décembre pour vous réveiller le lendemain, le 20. Malgré ce décalage de 10 jours, la date des fêtes des saints n’a pas été modifiée : cela aurait représenté un bouleversement trop important des coutumes. La plupart des dictons antérieurs à la réforme grégorienne peuvent donc nous paraître « décalés » aux sens propre et figuré (schräg, abgedreht) du terme. Le 13 décembre (d’aujourd’hui) correspond au 23 décembre (de l’ancien calendrier), lendemain du solstice d’hiver, moment de l’année où les jours recommencent à allonger. Les dictons (Bauernregeln) au sujet de la Sainte-Luce sont assez contradictoires en alleman? En voilà deux pour les pessimistes : Sankt Luzen / Tut den Tag stutzen An Sankt Luzia / Ist der Abend dem Morgen nah Quant à ceux-ci, ils redonnent espoir et annoncent une « lumière au bout du tunnel » : Sankt Lucia stutzt den Tag und macht die längste Nacht: après la plus longue nuit de l’année, les jours recommencent à s’allonger. Auf Barbara (4. 12.) die Sonne weicht, auf Lucia (13. 12.) sie wiederum herschleicht… La Sainte-Luce, fête de la lumière (du latin lux, lucis), commémore la naissance de Sainte Lucie de Syracuse (Sicile), vierge martyre du début du IVe siècle. Elle est traditionnellement représentée portant un plateau vec une paire d’yeux dessus. Ce motif rappelle son martyre : ses bourreaux (Peiniger) lui auraient arraché les yeux. C’est la raison pour laquelle elle est aujourd’hui invoquée aujourd’hui comme la patronne des malvoyants, des ophtalmologues (Augenarzt) et … des électriciens ! |
||||
S A I N T E – B A R B E : 4 décembre
Le 4 décembre, jour de la Sainte-Barbe ou Sainte-Barbara, la tradition est faire germer keimen des grains de blé (ou des lentilles) de la dernière récolte dans trois soucoupes Untertasse, sur de l’ouate humectée befeucht d’eau. Si la germination se fait bien, c’est le signe que la prochaine moisson sera abondante : « Quand lou blad vèn bèn, tout vèn bèn ! » affirme le dicton provençal (Quand le blé vient bien gedeihen, tout vient bien !) A Noël, ces trois soucoupes (qui représentent la Trinité Dreifaltigkeit) sont remplies de belles pousses qui restent bien droites car on les entoure d’un petit ruban. Elles servent à décorer la crèche avec les santons (les « petits saints ») et y restent jusqu’à l’Epiphanie Dreikönigstag. Les pousses sont ensuite plantées en pleine terre. Cette coutume – encore bien vivante en Provence – est un rite de fécondité d’origine païenne. Il a été récupéré par l’Église catholique. Selon la légende, Saint Barbe aurait vécu en Anatolie au IIIe siècle de notre ère. Convertie à la religion chrétienne, la jeune fille a préféré se consacrer à Dieu plutôt que d’épouser le païen que son père Dioscore lui avai choisi pour mari. Pour briser sa résistance, Dioscore l’a fait enfermer dans une tour uniquement éclairée par deux fenêtres. Ayant réussi à s’évader, Barbe s’est réfugiée dans le creux d’un rocher qui s’est entrouvert miraculeusement pour lui donner asile Unterschlupf. Mais elle a été dénoncée par un berger. Celui-ci a été puni : les moutons de son troupeau ont été transformés en sauterelles. A nouveau emprisonnée, et comme elle refusait de renier (abschwören) sa foi chrétienne, Barbe a été victime de nombreuses tortures. Finalement, son père lui a tranché la gorge de ses propres mains. Il a alors été frappé par la foudre. C’est la raison pour laquelle Sainte Barbe est aujourd’hui la patronne des pompiers et des artificiers (Sprengmeister En Autriche, ce sont des rameaux de cerisier (Kirschenzweige que l’on coupe pour la Sainte-Barbara. Placés dans un vase rempli d’eau, ils vont fleurir pour Noël, trompés par la chaleur qui règne à l’intérieur des maisons et croyant le printemps arrivé ! Il est recommandé de couper les rameaux en biseau et même d’écraser leur extrémité inférieure pour faciliter l’absorption de l’eau. Cette coutume se rapporte à la légende évoquée ci-dessus : sur le chemin de la prison, un rameau de cerisier s’est accroché (hängenbleiben) à la robe de Barbe / Barbara. Elle l’a emporté dans sa cellule, l’a arrosé et, le jour de son exécution (Hinrichtung), les boutons ont fleuri. |
||||
A D V E N T, stiller Advent...
L’Avent devrait être une période calme et recueillie (andächtig), où l’on se prépare à la fête de Noël. Mais, le plus souvent, c’est l’effervescence (Hektik) qui règne : c’est le cas à Pörtschach (en Carinthie) où, pour la dixième année consécutive, la municipalité fête l’Avent avec des illuminations (Festbeleuchtung), un marché de Noël, de la musique… En 2019, les responsables ont fait de la publicité en plusieurs langues pour ces festivités. Mal leur en a pris ! (das ist ihnen schlecht bekommen). Le message « Tradition beim Stillen Advent in Pörtschach » s’est transformé en anglais en « Tradition at the Advent Breastfeeding« . Il n’est pas nécessaire d’avoir des connaissances très étendues dans cette langue pour comprendre que le terme « Breastfeeding » n’a rien à voir avec l’adjectif « still » puisque, composé de « breast » (la poitrine, le sein / Brust) et de « feeding » (action de nourrir), il signifie « allaitement, alimentation au sein »… tout comme le substantif allemand Stillen ! (article de la Kleine Zeitung) (► vidéo) N’ayant pas trouvé sur Internet la version française de cette campagne publicitaire lancée par la Tourismusregion Wörthersee, j’ignore si « stiller Advent » a été traduit par « allaitement pendant l’Avent » ou si les responsables ont découvert l’erreur de traduction à temps… Certains se demandent d’ailleurs s’il s’agit vraiment d’une » gaffe » (Fauxpas) et soupçonnent les promoteurs de cette campagne d’avoir volontairement mal traduit le mot « still » pour faire le buzz (Hype, Wirbel). Cette « publicité » va-t-elle attirer à Pörtschach des Anglo-saxons avides (süchtig, hungrig) de sensations ? En tout cas, s’ils s’attendent à voir une crèche vivante dans laquelle Marie allaite l’enfant Jésus, ils risquent d’être déçus ! Au train où vont les choses (so wie die Dinge laufen), je m’étonne que personne n’ait encore eu l’idée d’une « crèche-reality show » – ou « nativity (set – reality) show » – ! Non seulement l’enfant Jésus serait allaité en public, mais « on » (pourquoi pas Joseph, un père « moderne »…) lui changerait ses couches (Windel) . Et l’opération serait sponsorisée par Pampers (ou toute autre marque intéressée par le projet) ! Ah, j’oubliais ! En France, les crèches (Weihnachtskrippen et pas Kinderkrippen…) sont interdites dans l’espace public, selon la lecture (Leseart) – littérale et controversée – de l’article (Paragraph) 28 de la loi de 1905 (Loi de séparation des Eglises et de l’Etat). L’installation d’une crèche dans un espace public peut être autorisée à condition qu’elle ait un caractère temporaire, pendant les fêtes de fin d’année, qu’elle présente « un caractère culturel [et pas cultuel…], artistique ou festif » et qu’elle n’exprime pas « la reconnaissance d’un culte ou une préférence religieuse ». Elle doit également correspondre à des « usages locaux« . (d’après Wikipédia) |
||||
11 N O V E M B R E : jour férié en France – jour ouvrable en Autriche
Mais, dans les deux pays, c’est la fête de saint Martin, évêque de Tours, évangélisateur (Verkünder des Evangeliums) de la Gaule au IVe siècle. C’est en souvenir de lui qu’il est de tradition (en Autriche, mais pas en France) de manger de l’oie rôtie (Martinigans) le 11 novembre. Est-ce pour punir ces volatiles (Federvieh) d’avoir dénoncé (verraten) Martin qui s’était caché parmi elles pour échapper à sa nomination comme évêque, fonction dont il se trouvait indigne ? En Autriche, on fête également ce jour-là le début du Carnaval (le 11/11 à 11h11). Mais, en cette année 2020, l’heure n’est pas vraiment aux festivités… En France, on commémore (gedenken) l’armistice de la Première Guerre mondiale (1) (que les Autrichiens ont peut-être moins de raisons de célébrer…). Signé le 11 novembre 1918, à 5 h 15 du matin dans le « wagon de l’armistice », dans la clairière (Waldlichtung) de Rethondes (forêt de Compiègne), il a mis fin à la Première Guerre mondiale. En 2020, on a célèbré le 102e anniversaire de l’armistice et le centenaire de l’inhumation du « Soldat inconnu » sous l’Arc de Triomphe, avec – Covid oblige – moins de faste que les années précédentes. D’habitude, à cette occasion, des cérémonies sont organisées dans tout le pays devant les dizaines de milliers de monuments aux morts (Kriegerdenkmal). A Paris, le Président de la République va se recueillir (andächtig verharren) à l’Arc de Triomphe devant la Tombe du Soldat inconnu. Depuis 2012, les commémorations du 11 Novembre sont l’occasion d’honorer tous les morts pour la France, qu’ils soient civils ou militaires, victimes des conflits anciens ou actuels – et pas seulement ceux de la « Grande Guerre » (de 14-18). Ainsi, en 2019, le président de la République a inauguré un monument aux 549 soldats morts en « OPEX » (c’est-à-dire « en opération extérieure », par ex. au Mali) ou en « OPINT » (« opération intérieure ») depuis 1963 : la sculpture principale de ce monument élevé dans le Parc André Citroën (15ème arrondissement de Paris) est l’œuvre du sculpteur Stéphane Vigny et représente six soldats anonymes portant un cercueil (Sarg) invisible. La tombe de Saint Martin (2), elle, se trouve à Tours. Avant de devenir l’évêque de cette ville, Martin (né en 316 en Pannonie, dans l’actuelle Hongrie) – qui était le fils d’un officier supérieur de l’armée romaine – avait dû entreprendre une carrière militaire. Il portait d’ailleurs un prénom prédestiné, dérivé de Mars, dieu de la guerre. Affecté (einteilen, abkommandieren) en Gaule, à Amiens, un soir de l’hiver 334, le légionnaire Martin partage – selon la légende – son manteau avec un pauvre mourant de froid. Le reste supposé de son manteau, appelé « cape / chape » (3) (diminutif « capella« ) a été plus tard envoyé comme reliques à la chapelle palatine (« du palais ») d’Aix-la-Chapelle (Aachen) à l’époque de Charlemagne : cette « petite chape » est à l’origine du mot chapelle. Et une chapelle n’est pas une « petite église », comme le montre l’exemple de la Sainte-Chapelle de Paris : si elle s’appelle ainsi, c’est parce que cette église palatine a été construite sur l’île de la Cité à l’époque de Saint Louis (le roi Louis IX) pour y abriter (beherbergen) des reliques de la Passion du Christ (manteau, couronne d’épines (Dornenkrone), morceau de la Vraie Croix, Sainte Lance…). 1- L’armistice du 11 novembre est le dernier de la « Grande guerre », celui après lequel les hostilités cessent sur tous les fronts. Mais il a été précédé de trois autres, dont celui avec l’Autriche-Hongrie (le 3 novembre 1918, près de Padoue, où le roi d’Italie, Victor-Emmanuel III, avait son état-major). L’armistice avec la Bulgarie avait été signé dès le 29 septembre à Thessalonique et celui avec l’empire Ottoman, le 30 octobre sur l’île de Lemnos. 2- Une légende raconte que, lorsque le corps de Saint Martin a été ramené à Tours, les fleurs se sont mises à éclore (aufblühen) sur le passage du cortège. C »est ce « miracle » qui a donné naissance à l’expression « été de la Saint-Martin« . 3- chapelle, comme chape, chapeau, capuchon, cappuccino ou Capétiens sont dérivés du latin caput (tête, chef = Kopf, Haupt) |
||||
11 NOVEMBRE : jour férié en France – jour ouvrable en Autriche
En 2019, on en a célébré le 101e anniversaire avec, selon la tradition, l’organisation de cérémonies commémoratives dans tout le pays devant les monuments aux morts. A Paris, le Président de la République s’est rendu au pied de la statue de Georges Clémenceau (surnommé le « Tigre » et le « Père la Victoire, il était Président du Conseil pendant le conflit) et est allé se recueillir devant la Tombe du soldat inconnu, sous l’Arc de Triomphe. |