25 NOVEMBRE – Sainte CATHERINE –
la tradition des C A T H E R I N E T T E S
Le 25 novembre, c’est la Sainte Catherine. Ce jour-là, on fête les jeunes filles de 25 ans encore célibataires.
A l’origine de cette tradition se trouve Catherine d’Alexandrie qui a vécu au début du IVe siècle et qui est morte martyre à 18 ans. Selon la légende, elle aurait été emprisonnée après refusé d’épouser l’empereur Maxence. Elle a été ensuite écartelée puis décapitée.
Aujourd’hui Sainte Catherine est la patronne des filles à marier, des philosophes, théologiens, notaires, étudiants, mais aussi des « petites mains » de la couture et des modistes (fabricants de chapeaux).
Selon la tradition – qui remonte au Moyen âge – le 25 novembre, les jeunes filles de 25 ans non mariées, coiffées d’un chapeau extravagant, décoré de rubans et d’objets divers de couleur jaune et verte se rendaient en procession devant une statue de Sainte Catherine pour la décorer de fleurs, de rubans et d’un chapeau.
On disait qu’elles « coiffaient Sainte Catherine », non pas dans le sens de « arranger les cheveux de qn » (frisieren) : cela signifiait « poser une coiffe ou un autre couvre-chef sur la tête de qn ».
Les jeunes filles en quête de mari adressaient à la sainte la prière suivante :
« Sainte-Catherine, aide-moi. Ne me laisse pas mourir célibataire.
Un mari, Sainte-Catherine, un bon, Sainte-Catherine ; mais plutôt un que pas du tout ! »
C’est dire le désespoir de ces femmes déterminées à trouver un mari, coûte que coûte…
Aujourd’hui, ces processions ont disparu, mais l’expression est restée : « coiffer Sainte Catherine » est synonyme d’atteindre l’âge de 25 ans sans être mariée.
La tradition de la fête de la Sainte Catherine perdure dans les maisons de haute-couture françaises – Dior, Lanvin, Chanel, Vuitton… – qui organisent chaque 25 novembre un concours de « Catherinettes », récompensant les coiffes les plus originales.
Cette fête peut sembler un peu désuète en 2023 où, selon l’INSEE, l’âge moyen du premier mariage est d’environ 32 ans, donc bien supérieur à « l’âge limite » pour « coiffer Sainte Catherine ». Ne pas être « casée » (unter die Haube kommen) à 25 ans n’est plus une honte ! Les célibataires de 25 ans et plus ne sont plus stigmatisées.
Pourtant les mots n’évoluent pas aussi vite que la société : ils sont toujours discriminatoires pour désigner les femmes non mariées, traitées de « vieille fille » = alte Jungfer, alors qu’un homme qui n’est pas encore marié est qualifié de « célibataire endurci » = eingefleischter Junggeselle, dénominations beaucoup moins péjoratives.
Notons au passage le néologisme « célibattante » qui désigne une célibataire combative, qui veut réussir et entend profiter de sa liberté. Le mot possède une connotation militante… tout en suggérant un certain dépit, ce qui rappelle le vers de La Fontaine (in « Le Renard et les raisins ») devenu proverbial : « Ces raisins sont trop mûrs (et bons pour des goujats) ». On emploie cette formule pour se moquer de ceux qui font semblant de dédaigner ce qu’ils ne peuvent obtenir.
Il n’existe pas de preuves de l’existence réelle de Catherine d’Alexandrie. L’Église catholique elle-même doute de son existence et a officiellement retiré la sainte du Calendrier romain en 1969, mais le pape Jean-Paul II l’y a rétablie en 2002 à la suite d’un pèlerinage au Monastère Sainte Catherine du Sinaï.
La couleur du chapeau et celle de ses accessoires portés par les Catherinettes ont une signification : le jaune symbolise la réussite, tandis que le vert symbolise l’espoir, en l’occurrence celui de « dénicher » (auftreiben) un mari.