P E N T E C Ô T E
Une semaine avant Pâques, on célébrait les « Pâques fleuries », c’est-à-dire le dimanche des Rameaux (Palmsonntag) qui commémore l’entrée triomphale de Jésus dans Jérusalem.
Et, 50 jours à partir du dimanche de Pâques (soit 7 x 7 jours après cette fête), on célébrait les « Pâques roses », c’est-à-dire Pentecôte (du grec ancien pentêkostề hêméra, « cinquantième jour »).
Pourquoi « roses » ? Il ne s’agit pas de la couleur, mais des fleurs que l’on appelle en allemand des « Pfingstrosen » – littéralement « roses de Pentecôte » (qui, du point de vue botanique, n’ont rien à voir avec des roses) – et qui sont en français des pivoines, des fleurs dont la couleur traditionnelle est rouge.
Selon la coutume, pendant la messe de la Pentecôte, on faisait tomber de la voûte (Gewölbe) de l’église leurs larges pétales rouges pour rappeler les « langues de feu » qui, selon le récit des « Actes des Apôtres », descendirent sur chacun des disciples (Jünger) du Christ réunis ce jour-là, les remplissant du Saint-Esprit.
Ils se mirent alors à parler des langues qu’ils ne connaissaient pas mais que les autres peuples comprenaient. Ce « don des langues » ou xénolalie (du grec xéno, « nouveau », et lalein, « parler ») va leur permettre d’aller enseigner (lehren) toutes les nations » : « Ils s’en allèrent proclamer (verkünden) partout l’Evangile. » (Matthieu, 28 : 16-20).
Chaque fête chrétienne est associée à une spécialité culinaire : la Chandeleur aux crêpes ; Mardi gras aux gaufres et aux beignets (Krapfen) ; Pâques au gigot d’agneau (Lammkeule), aux oeufs et au chocolat ; Noël à l’oie (Gans) ou à la dinde aux marrons (mit Kastanien gefüllte/r Pute/Truthahn), et – en Provence – aux « 13 desserts » ; l’Epiphanie à la galette ou au gâteau des Rois…
La Pentecôte n’échappe pas à (keine Ausnahme bilden) cette tradition, même si le gâteau confectionné à l’occasion de cette fête, le Colombier, est moins connu. (► photo d’illustration)
Il doit son nom au fait que, comme le gâteau des Rois, il contient une fève, mais en forme de colombe : cet oiseau symbolise non seulement la paix, mais aussi le Saint-Esprit. Le gâteau a une forme ovale, celle de la mandorle (en architecture et en peinture, c’est une figure en forme d’amande dans laquelle sont inscrits les personnages sacrés, le plus souvent le Christ) qui est aussi celle de l’œuf, tout un symbole !
Ce gâteau est une sorte de calisson géant : une génoise (Biskuit) aux amandes et au melon confit (kandiert), qui est nappée (mit etw. überziehen) de confiture d’abricot, puis décorée d’amandes effilées (Mandelblättchen) et d’une bande de pâte d’amandes (Marzipan) verte sur laquelle il était coutume d’écrire : « Qui la colombe trouvera, joie et bonheur aura ». Peu à peu, la formule a changé en « Qui trouve la colombe se marie dans l’année ». En effet, comme pour la galette des Rois, les parts du Colombier sont tirées au sort (auslosen), et celui qui trouve la fève ne tardera pas – dit-on – à épouser son / sa bien-aimé/e.
D’après le mythe fondateur (Gründungssage) de la ville de Marseille, le premier Colombier aurait été confectionné par Gyptis, la fille du chef des autochtones Ségobriges (peuple celto-ligure) : elle y aurait dissimulé (verstecken) une figurine en forme de colombe, promettant d’épouser celui qui la trouverait. C’est ainsi que Protis, un marin originaire de Phocée, s’est marié avec la princesse et qu’ils ont fondé Massalia, future Marseille.
La tradition du gâteau de Pentecôte a été « récupérée » (für seine eigenen Zwecke nutzen, recyceln) par un pâtissier parisien qui le commercialise (vermarkten, vertreiben), accompagné d’une notice explicative rappelant la légende. Dans la version « francilienne », c’est Sainte-Geneviève, patronne de Paris, qui après avoir incité la population de Lutèce à résister à l’envahisseur (Invasor, Eindringling) Attila, a vu une colombe – annonciatrice (Vorbote) de paix – se poser sur son épaule.